Enseignement de l’italien en France. De belles avancées: +40% de postes au concours.

Des avancées, des bonnes nouvelles!

Le 11 avril dernier, Altritaliani a relayé et soutenu la pétition lancée par la SIES (Société des Italianistes de l’Enseignement Supérieur) pour défendre l’enseignement de la langue et de la culture italienne en France, gravement menacé par le projet de nouvelle réforme des lycées du ministre Jean-Michel Blanquer. La pétition a recueilli à ce jour quelque 10 000 signatures, dont celles de nombreuses personnalités. La presse italienne et la presse française se sont mobilisées exprimant leur incompréhension et indignation. Des polémiques ont vu le jour quant aux fâcheuses conséquences que cette situation d’asphyxie de l’italien entraînait sur la qualité des relations d’amitié entre nos deux pays, historiquement et culturellement cousins.

Altritaliani Des avancées SIES

Rappelons pour mémoire que ces dernières années, nous avions pu assister à la chute libre du nombre des postes offerts aux concours nationaux pour enseigner l’italien dans les collèges et les lycées. Au concours de l’Agrégation externe, destiné à l’engagement des enseignants dans les lycées, nous étions passés en France de 10 postes en 2017 à 8 en 2018 pour arriver à seulement 5 postes en 2019. Au concours du Capes (certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du secondaire), les postes avaient diminué de 28 en 2017 à 19 en 2018, pour finir à seulement 16 postes en 2019. Quelques années auparavant, en 2010, le sort réservé à l’italien était bien meilleur : 14 postes à l’Agrégation externe et 60 au Capes.

Emmanuel Macron et Sergio Mattarella au Chateau du Clos Lucé à Amboise. Photo copyright de Philippe Wojazer – AFP

Mais revenons à l’actualité. Le 2 mai dernier, Jean-Luc Nardone, président de la SIES, professeur de littérature italienne à l’Université de Toulouse, et quelques-uns de ses collègues ont participé aux célébrations du 500e anniversaire de la mort de Léonard de Vinci en Touraine, en présence des présidents Emmanuel Macron et Sergio Mattarella. Fort des soutiens recueillis, Jean-Luc Nardone a eu l’occasion de se faire entendre lors de cette journée et des avancées non négligeables en ont résulté : finies les coupes des postes d’italien au concours et, mieux encore, la promesse de leur augmentation de 40% dès cette année. Le ministère de l’Education nationale a également retenu «juste et nécessaire» que l’enseignement de l’italien soit proposé dans au moins un établissement public par département, ce qui n’était pas le cas jusqu’ici.

Cette nouvelle ne peut que tous nous réjouir, d’autant que dans un conteste plus large, il semble essentiel qu’au sein de notre Europe, pour la mobilité des jeunes et les échanges les plus variés, l’enseignement des langues étrangères reste une priorité.

Si, selon Jean-Luc Nardone “la courbe qui conduisait à une catastrophe a pu être inversée”, il reste toutefois encore du travail à accomplir et l’espoir d’autres avancées. Altritaliani continuera à suivre de près ce dossier. Tous ensemble, aux côtés de la SIES, continuons à nous mobiliser pour le bien de la “dolce lingua” que nous aimons tant.

Evolena

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Entre-temps et ci-après, pour votre plus complète information, nous publions dans son intégralité la lettre ouverte de Jean-Luc Nardone, président de la SIES, du 3 mai 2019 :

Chers amis, chers tous,

Au lendemain de cette journée du 2 mai, j’ai souhaité écrire quelques lignes au nom de la SIES pour remercier les milliers de signataires de notre Appel qui nous ont aidé, par leurs signatures certes mais aussi par le relai de notre texte et leurs messages d’encouragement, à mener ce combat.

Aujourd’hui le Président de l’Agrégation a reçu une lettre officielle du Ministère qui confirme, dès cette année, une augmentation de 40% des postes au concours. Un courrier semblable devrait arriver à la Présidente du Capes externe. Pour l’an prochain, on m’a annoncé un minimum de 10 postes pérennisés à l’Agrégation externe, 20 postes au moins au Capes externe (mais espérons qu’il s’agit là d’un minimum). J’ai demandé aussi une augmentation des postes à l’agrégation interne dès l’an prochain.

Enfin, le Ministère a jugé « juste et nécessaire » que l’italien soit proposé dans au moins un établissement public de chacun des Départements français : c’est loin d’être le cas aujourd’hui.

Notre ciel s’est éclairci certes et nous avons réussi à inverser une courbe qui nous conduisait à la catastrophe. Cela dit, pour les concours nous revenons à une « normale » qui déjà nous paraissait basse avant 2017.

Il faut encore œuvrer notamment pour renverser la lecture du Ministère sur certains points: combien d’élèves n’ont pas exprimé leur souhait de faire une Spécialité italien en Première parce qu’ils savaient d’ores et déjà qu’il n’y en aurait pas dans leur lycée ? Combien d’autres qui n’ont même jamais pu choisir l’italien dans leur cursus ? Il nous faut donc mener la bataille de la demande contre celle de l’offre. Aussi vais-je lancer, avec la FNAI, qui a été notre partenaire indéfectible depuis le début, une grande enquête région par région sur ce point.

AltritalianiPour l’heure, néanmoins, ne boudons pas notre premier résultat dans un contexte de Réforme si difficile. Pensons à cette poignée de nos étudiants qui va obtenir un poste dès cette année : ils pourront réaliser ce rêve que nous partageons avec eux, de vivre notre passion pour l’Italie. J’espère que désormais on jugera naturel que la SIES, comme hier à Chambord, apparaisse comme un interlocuteur évident dans tout ce qui relève de l’enseignement et de la culture italienne en France, tant aux yeux du Ministère français que des autorités italiennes. Notre congrès national à Pérouse, l’an prochain, pourra être relayé par les nombreux médias qui nous ont épaulé ces jours-ci.

Grâce à nous tous, grâce aux personnalités de premier plan que vous avez contactées, aux articles que vous avez écrits, aux émissions de radio voire de télévision que vous avez acceptées, nous avons, en effet, pendant ces dernières semaines, su convaincre l’essentiel des journaux et des radios de se faire l’écho de notre Appel, qui défend une vision de la culture qui est rudoyée par la France ou l’Italie aujourd’hui, comme presque partout dans notre siècle. Vous dirai-je qu’à Chambord, un certain conseiller m’a confessé que « Léonard n’est qu’un prétexte »… Un prétexte à affirmer ou à simuler l’attachement de nos pays l’un pour l’autre ?

C’est ce double langage aussi que nous avons dénoncé et qui a mobilisé non seulement des Italianistes du monde entier, qui vivent sûrement les mêmes difficultés que les nôtres, mais aussi un grand nombre de collègues italiens professeurs de français qui souffrent de la réforme Gelmini, et plus largement encore tous ceux qui sont attachés comme nous à lutter contre la monoculture intellectuelle dans laquelle nos systèmes économiques tendent à nous enfermer.

Nous maintiendrons notre Appel ouvert (n.d.r. qu’il est encore temps de signer!) jusqu’au Congrès de Rennes, les 23-25 mai, qui décidera de la suite à donner à nos actions.

Un grand merci à tous donc de la part de notre bureau, de notre comité et de nos délégués qui n’ont eux-mêmes pas ménagé leur peine, et, à titre personnel, je tiens à vous dire combien vos messages, individuels ou collectifs, si nombreux, m’ont redonné d’ardeur après ce premier résultat.

Jean-Luc NARDONE, Président de la SIES.

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Evolena
Michèle Gesbert est née à Genève. Après des études de langues et secrétariat de direction elle s'installe à Paris dans les années '70 et travaille à l'Ambassade de Suisse (culture, presse et communication). Suit une expérience associative auprès d'enfants en difficulté de langage et parole. Plus tard elle attrape le virus de l'Italie, sa langue et sa/ses culture(s). Contrairement au covid c'est un virus bienfaisant qu'elle souhaite partager et transmettre. Membre-fondatrice et présidente d'Altritaliani depuis 2009. Coordinatrice et animatrice du site.

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