Riace et città futura

Un pied de nez à la Ligue et à tous ceux qui n’ont pas compris que l’immigration pouvait être une chance avec l’exemple du petit village calabrais Riace, devenu terre d’accueil de migrants, et l’association “Città futura”. Article bilingue italien et français.

«CITTÀ FUTURA»

Abandonnant la route qui traverse les stations balnéaires sans charme le long de la côte ionienne, le groupe de randonneurs que j’emmenais en Calabre byzantine était surpris de découvrir à 5 km à l’intérieur des terres ce petit village pittoresque perché sur une colline : Riace. Le panneau situé à l’entrée de la ville spécifie « CITE D’ACCUEIL ».

Accueil des touristes par Pina, la femme du maire qui nous reçoit dans « la taverna », restaurant géré par l’association « Città futura » et nous emmène ensuite, par un dédale de rues étroites dans les maisons dans lesquelles nous serons hébergés.
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Accueil de migrants surtout. L’histoire commence en 1998 . Un bateau chargé de 300 migrants porté au gré des courants échoue par hasard au large de Riace, comme un autre bateau avait échoué il y a plus de 2000 ans portant les fameux bronzes exposés au musée de Reggio. Ces réfugiés, il faut les nourrir, les héberger en urgence dans les églises, les structures existantes avec l’aide de la Croix Rouge. Ce sont essentiellement des Kurdes pourchassés dans leur pays.

Domenico Lucano, le maire du village a accepté de nous rencontrer quelques minutes bien qu’il soit accaparé par l’arrivée prochaine de Wim Wenders venu tourner un film à Riace. Domenico est un homme jovial, vif . Il parle vite, avec passion. Il raconte : « J’étais indigné par la situation des réfugiés : c’est la politique des pays riches qui crée une situation tellement difficile dans leur pays que des gens sont obligés de partir. Ce sont des victimes. Je n’étais pas encore maire à l’époque mais avec mon meilleur ami, disparu depuis, nous avons voulu agir pour aider ces gens. Pas les assister mais leur trouver un travail, un logement, des conditions de vie décentes et nous nous sommes pris à rêver. Contrairement à Riace Marina très animée en saison, Riace Superiore, la partie ancienne de la commune s’est endormie, vidée de ses habitants partis travailler dans le Nord ou installés en bord de mer. Et si ces immigrés nous aidaient à la faire revivre ? Que les rues s’animent, que les volets s’ouvrent à nouveau, qu’on entende les gens se parler dans les rues, les enfants rire….. »

Ainsi est née l’idée de créer l’association : « Città futura ».

55 Kurdes parmi les 300 arrivés en 1998 ont voulu s’installer à Riace au lieu de partir vers l’Allemagne. C’est avec eux qu’a commencé l’aventure. L’association a reçu quelques aides d’une association du sud de la France, de la banque éthique notamment. L’entrée de Domenico Lucano au Conseil municipal en 1999, l’inscription de la commune dans le « programme national d’accueil en 2001», l’élection de Domenico en qualité de maire en 2004 sur le slogan « valoriser l’accueil » a stimulé la communauté. Città futura appuie son action sur des initiatives liées à la culture populaire. Elle ouvre des ateliers qui reprennent les techniques anciennes basées sur des savoir-faire qui disparaissaient : un atelier de tissage qui a repris le tissage du genêt, et travaille le lin et d’autres fibres, un pressoir avec les antiques meules de pierre pour fabriquer l’huile d’olive, la fabrication du pain à levée acide, un atelier de poupées en costume traditionnel, la fabrication de confitures artisanales, un atelier de dentelle, une poterie ou un artisan d’origine iranienne fait profiter de son savoir-faire.
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Città futura s’est aussi lancée dans le tourisme équitable et solidaire : elle a ouvert un restaurant « la taverna » et loue des misons individuelles qu’elle met à disposition des touristes , en en réservant quelques-uns pour des réfugiés.

Peu à peu les touristes sont venus et Città futura a ainsi atteint les quatre objectifs qu’elle s’était fixés:

– donner du travail à des jeunes chômeurs,

– faciliter l’intégration de réfugiés restés à Riace,

– améliorer l’économie locale en ouvrant un bar, des petites boutiques, l’artisanat, la production d’olives, de vin …. ,

– faire en sorte que l’histoire de Riace continue à vivre à travers le folklore, les traditions et les métiers de l’artisanat.

Une centaine d’immigrés sur 750 habitants habitent et travaillent actuellement à Riace comme ouvriers agricoles, mécaniciens, ouvriers en usine ou dans les ateliers.

Riace est un beau village. Des petites places ont été rénovées, repavées, bien éclairées. Des maisons ont été restaurées. Des boutiques tant italiennes que tenues par des immigrés donnent de la vie au village. Le parcours fléché des « murales « nous promènent de fresque en fresque peintes par des artistes de divers pays.

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Bien sûr, tout n’est pas facile et l’équilibre est fragile. Domenico Lucano le sait bien et il n’était pas certain d’être réélu en 2009. Il a gagné contre les partis traditionnels que trouble sa façon de faire de la politique et surtout la N’dranghetta. Cette association mafieuse a besoin de l’omerta, du silence, de la chape de plomb qu’elle fait peser sur la région. Que Riace soit sous les projecteurs la dérange. Elle l’a fait savoir à sa façon en « exécutant « les chiens de Domenico et de son fils. Domenico a répondu par avance publiquement : plusieurs « murales » dénoncent la N’dranghetta et l’une d’elles représente l’assassinat d’un homme dont le sang coule jusque sur le trottoir avec cette légende « contre la N’dranghetta, serrons-nous les coudes ».

Le jour de mon départ, je suis passé une dernière fois à l’atelier de tissage. Hélène, une jeune érythréenne apprenait à tisser sous la conduite de Pina tandis que dans les rues passaient des enfants italiens, afghans, africains tous vêtus de neuf pour se rendre à l’école, ce jour de rentrée.

Une image symbolique de Riace.

Marc Delacherie

Association Passeggiate

***
VERSION EN ITALIEN

Lasciando la strada che attraversa le stazioni balneari senza fascino lungo la costa ionia, abbiamo scoperto a 5 chilometri nell’entroterra un paese pittoresco su una collina : Riace. Il cartello all’ingresso indica « CITTÀ D’ACCOGLIENZA ».

Accoglienza dei turisti da Pina, la moglie del sindaco che ci riceve alla “Taverna”, ristorante gestito dall’associazione “Città futura” e ci porta dopo , fra un dedalo di strette vie nelle case in cui siamo ospiti.

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Accoglienza di profughi soprattutto.

La faccenda inizia nel 1998. Una nave carica di 300 profughi portata dalle correnti al largo di Riace come un’altra nave si era incagliata più di 2000 anni fa e aveva lasciato i famosi bronzi adesso al museo di Reggio. Questi profughi, bisognava sfamarli, ospitarli d’urgenza nelle chiese o altri luoghi con l’aiuto della Croce Rossa. Erano soprattutto Curdi minacciati nel loro paese.

Domenico Lucano, il sindaco ha accettato d’incontrarci qualche minuto benchè fosse molto impegnato dal prossimo arrivo di Wim Wenders che deve girare un film,« il volo » a Riace. Domenico è dinamico, gioviale. Parla velocemente, con passione. Racconta : « Ero arrabbiato, è la politica dei paesi ricchi che creano una situazione tanto difficile che spinge la gente a partire dal loro paese. Sono vittime. Non ero ancora sindaco ma con il mio migliore amico, adesso morto, abbiamo voluto impiegarci per aiutare questi sfortunati. Non assisterli ma trovargli lavoro, case, condizioni di vita decenti e ci siamo messi a sognare. Mentre Riace Marina è affolata durante la stagione, Riace Superiore la parte antica del comune si é addormentata, vuotata dei suoi abitanti partiti a lavorare al Nord o sistemati sul lungomare. E se questi profughi ci aiutassero a svegliarla ? Che le vie si animassero, che le imposte si aprissero di nuovo, che si sentisse gente parlare e ragazzi ridere…… . »

Così è nata l’idea di creare l’associazione : « Città futura ».

55 Curdi fra i 300 profughi hanno voluto sistemarsi a Riace invece di andare in Germania. La faccenda è cominciata con loro. Rando_Calabre_001.jpg<L’associazione ha ricevuto qualche aiuto da un’associazione del sud della Francia e dalla banca etica. L’arrivo di Domenico nel Consiglio Minicipale nel 1999, l’iscrizione del Comune nel « programma nazionale d’asilo » nel 2001, l’elezione di Domenico a sindaco nel 2004 con lo slogan « un’altra Riace é possibile » hanno stimolato la comunità. Città futura fonda la sua attività su iniziative basate sulla cultura popolare. Apre laboratori che riprendono tecniche antiche basate su savoir-faire che stavano scomparendo : un laboratorio della tessitura che ha ripreso la tessitura delle ginestra, del lino e altre fibre, un frantoio con antiche macine in pietra per fare l’olio extravergine d’oliva, la lavorazione del pane a levitazione acida, un laboratoio delle bamboline in costume tipico, un laboratorio per le conserve alimentari e la produzione di confetture con metodi artigianali, un laboratorio del ricamo, un laboratorio del vetro e della terracotta in cui un artigiano iraniano fa approfittare della sua destrezza.

Città futura pratica anche il turismo sostenibile e solidale. Ha aperto il ristorante « la Taverna Donna Rosa » e propone l’ »ospitalità diffusa » : affitta qualche casa per turisti e ne riserva alcune per rifugiati.

Poco a poco, i turisti sono venuti più numerosi e Città futura si è fissata quattro obiettivi:

– Creare posti di lavoro per giovani disoccupati

– Facilitare l’integrazione di alcuni profughi rimasti a Riace

– Migliorare l’economia locale con piccole botteghe e laboratori

– Fare in modo che la storia del paese non sparisca ma continui attraverso feste, tradizioni e artigianato.

L1050149Pfil_copie.jpgCirca 100 immigranti su 750 abitanti vivono e lavorano a Riace come operai, contadini, un meccanico, artigiani nei laboratori. Riace è un bel paese . Piccole piazze sono state rinnovate, lastricate, ben illuminate. Case sono state restaurate. Botteghe sia italiane sia d’immigrati danno vita al paese. Il percorso frecciato dei “murales” ci porta di affrescho in affresco dipinti da artisti di diversi paesi.

Evidentemente tutto non è facile e l’equilibrio è fragile. Domenico Lucano lo sa bene e non era sicuro di essere ri-eletto quest’anno. Ha vinto contro i partiti tradizionali disorientati dal suo modo di fare la politica e soprattutto contro la ‘Ndrangheta. Quest’associazione mafiosa ha bisogno dell’omertà, del silenzio, della cappa di piombo che fa pesare sulla regione . Che Riace sia sotto i riflettori la disturba. L’ha fatto sapere a suo modo uccidendo il cane di Domenico e quello di suo figlio. Domenico ha risposto in anticipo pubblicamente : parecchi “murales” accusano la ‘Ndrangheta e uno rappresenta l’assassinio di un uomo il cui sangue scorre dinnanzi a lui sul pavimento con la legenda in dialetto « contro la ‘Ndrangheta, teniamoci le mani »

Il giorno della partenza, siamo tornati al laboratorio della tessitura. Ellen una giovane eritrea stava imparando a tessere con l’aiuto di Pina mentre nelle strade passavano ragazzi italiani, afgani, africani tutti ben vestiti per andare a scuola, nel giorno di riapertura delle classi. Un’immagine simbolica di Riace.

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