Longtemps méprisé, sinon laissé pour compte, le vin rosé des Pouilles profite d’un marché favorable pour faire reconnaître aujourd’hui la qualité de ses crus.
Aux confins de l’Italie. Campée sur le talon de la botte, d’un côté les Appenins, de l’autre l’Adriatique. Des kilomètres de littoral, des châteaux fortifiés. Le promontoire de Gargano, le baroque de Lecce, les trulli d’Alberobello, le port de Gallipoli. C’est peu dire si la région des Pouilles s’affiche en joyau.
Trempée de soleil, elle étire ses vignobles un peu partout. Près de 100 000 hectares. Soit la plus grande surface italienne après la Sicile, avec une production proche de 7 millions d’hectolitres en 2008 (sur les 46 millions produits dans l’ensemble de l’Italie), et proche encore de 6 millions d’hectolitres en 2009. Une production principalement concentrée autour de Foggia, Tarento, Bari, Brindisi et Lecce et dont l’héritage remonterait dans l’antichambre de la Préhistoire, tandis que se pressait le raisin sauvage. Il lui colle encore parfois le surnom désuet de «cellier de l’Europe». Aujourd’hui, outre les nombreux vins classés IGT (Indicazione Geografica Tipica), les vins d’Appellation d’origine contrôlée (DOC) et d’Appellation d’origine contrôlée et garantie (DOCG) représentent moins de 10 % de la production, une production partagée entre une large gamme de cépages : negroamaro, sangiovese, nero di troia, bombino nero, et montepulciano.
Dans ce paysage viticole, versé dans les blancs et les rouges notables, secs, puissants, parfois corsés, la région des Pouilles tend à valoriser maintenant la qualité de ses crus en rosé, conséquence de la franche diminution des vins de coupage, au-delà de la réputation bien affirmée du Castel del Monte. Non sans mal quand on sait le poids de préjugés qui pèsent sur le rosé, le plus commun demeurant la conviction qu’on obtient du rosé en mélangeant tout simplement du blanc et du rouge. Une idée fausse sans doute redevable à quelques pratiques de producteurs et de restaurateurs peu scrupuleux.
A l’occasion du SIAL (le Salon International de l’Agroalimentaire), tenu à Paris en ce mois d’octobre 2010, la région des Pouilles s’est plue justement à mettre au goût du jour ses fameux rosés, dont la consommation augmente chaque année, dans l’ensemble de l’Italie tout comme à l’exportation. Une augmentation qui tient probablement à différentes raisons : des prix très raisonnables, une image qui rompt avec le solennel des grands crus en rouge (si l’on songe notamment au barolo ou à certains chianti), des vins de soif légers et équilibrés appréciés par les jeunes générations, un climat chaud qui se prête volontiers à la boisson fraîche.
Si, à l’évidence, la démarche relève d’une entreprise de communication, les producteurs insistent surtout aujourd’hui, et à raison, sur l’amélioration sensible de leurs vins, à force de travail et de patience (les récoltes à la main, une vinification raisonnée), et soulignent les nouvelles méthodes utilisées tournées vers le bio. Avec quelques exemples de domaines viticoles qui disent une culture, une tradition, certains étant ouverts à la dégustation, naturellement, mais aussi proposant une restauration sur place, parfois un séjour (estampillé agriturismo). De sorte à devenir autant de lieux de villégiature, de rencontres et de voyages.
Jean-Claude Renard
Carnet d’adresses :
Domaine Posta Pastorella
Piano Grande, 7 – 71019 Vieste (Fg)
www.postapastorella.it
Dans le parc national du Gargano, tout proche de la mer. On y produit du vin depuis quatre générations. Le domaine s’est inscrit dans la culture biologique de la vigne depuis 1996. Un vin rosé IGT (cépage montepulciano) aux arômes de fruits rouges, intense.
Torre Quarto Cantine
C.da Quarto, 5 – 71042 Cerignola (Fg)
www.torrequartocantine.it
L’exploitation a été fondée en 1847. Un rosé classé IGT, aux saveurs florales, sec et équilibré. Cépage partagé entre le troia, le primitivo et le negroamaro.
Tenuta Fujanera
Via Bari – C.da Quadrone delle Vigne – 71 100 Foggia
www.fujanera.it
Logé dans une ferme du XIXe siècle, aux portes de Foggia, le domaine s’étire sur 8 hectares de vignes et d’oliviers. La cave présente des voûtes en étoiles, des murs en tuf. Rosé IGT aux arômes de framboise, de groseille et myrtille. Cépage nero di troia, montepulciano et sangiovese.
Cantine Carpentiere
Contrada Bagnoli – 70 033 Corato (Ba)
www.cantinecarpentiere.it
Dans le parc national des Murges, le vignoble est situé en colline, face au château de Frédéric II, Castel del Monte. Un rosé DOC, vif, aux arômes de sous-bois. Cépage nero di troia.
Candido
Via A. Diaz, 46 – 72 025 Sandonaci (Br)
www.candidowines.it
A presque équidistance de Brindisi et de Lecce, domaine familial fondé en 1929. Un rosé classé DOC, au parfum floral et fruité. Cépage negroamaro et malvasia.
Cantina Sociale Sampietrana
Via Mare, 39 – 72 027 San Pietro Vernotico (Br)
www.cantinasampietrana.com
Plus d’un demi siècle d’activités pour cet établissement situé dans le centre historique de San Pietro Vernotico et cultivant ses 190 hectares pour notamment produire un rosé negroamaro, sec et doux à la fois.
Duca Carlo Guarini
Largo Frisari, 1 – 73 020 Scorrano (Le)
www.ducacarloguarini.it
L’une des maisons les plus prestigieuses du Salento, l’une des plus anciennes aussi, dont la famille compterait mille ans d’histoire. La cave est nichée dans un bâtiment de la fin du XVIIIe siècle. L’ensemble du domaine produit de l’huile d’olive, du vin et des agrumes. Rosé salento IGT, fruité, aux tonalités minérales.
Santi Dimitri
Via Guidano C.da Santi Dimitri – 73 014 Galatina (Le)
www.santidimitri.it
Une propriété qui date du XVIIe siècle ; étendue sur 120 hectares, au sud de Lecce et dont les activités se partagent entre les oliveraies et le vignoble. Negromaro, un rosé salento IGT doté de nuances de rubis.
Cantina San Donaci
Via Mesagne, 62 – 72 025 San Donaci (Br)
www.cantinasandonaci.eu/it/homepage
Dans le Salento, à une vingtaine de kilomètres de Lecce. Production notamment d’un rosé San Severo DOC, sec, aux arômes fruités. Cépage negroamaro et malvasia.
Publié le 23 OCTOBRE 2013