Vous pouvez actuellement trouver dans les kiosques un intéressant numéro spécial de 100 pages de la revue Historia, daté de septembre 2018, intitulé « Ces Italiens qui ont fait la France ». Gambetta, Zola, la Castiglione, Montand, Reggiani, Ventura, Dalida, Platini… (pour n’en citer que quelques-uns ! Ils sont des millions. Des célébrités et des anonymes.)
Il rappelle et complète la belle exposition « Ciao Italia » que le Musée national de l’histoire de l’immigration au Palais de la Porte Dorée avait consacré l’an dernier au thème de l’immigration italienne en France.
En provenance de toutes les régions d’Italie cette immigration est la plus importante de l’histoire de France, un phénomène énorme qui, de la Révolution à aujourd’hui, a eu de profondes conséquences sur la société de l’Hexagone.
L’arbre généalogique de très nombreux Français se ramifie d’ailleurs de branches italiennes, symbole d’une immigration transalpine ancienne, massive et désormais bien intégrée.
Rappelons aussi qu’Altritaliani a consacré pendant plusieurs mois son «Primo piano» à ce même thème. Notre dossier bilingue, accessible à ce lien, est intitulé : «L’Odyssée italienne, Histoires et analyses de l’immigration italienne vers la France de 1860 à 1960 et au-delà» .
Selon l’époque, cette immigration a eu des causes économiques (la crise, la famine, la misère), politiques (le fascisme) ou culturelles (des moments d’effervescence artistique à partager). Quelques fois, comme dit Alberto Toscano, il s’agissait d’exporter un savoir-faire de petites entreprises familiales ou tout simplement de relever un nouveau défi personnel. Des raisons diverses pour une multitudes d’histoires de femmes et d’hommes qui ont contribué à faire de la France le pays qu’il est devenu. Beaucoup de migrants. Des millions qui ont exercé les métiers les plus divers.
Egalement au sommaire de ce numéro, trois récits en complément du dossier de 100 pages consacré aux Italiens de France:
♦ La saga des Fratellini qui raconte la véritable révolution menée par cette lignée de clowns, entrée dans la légende du cirque.
♦ 1893 : le massacre des Piémontais qui revient sur un épisode peu glorieux de l’histoire de l’immigration transalpine en France, cette chasse à l’Italien meurtrière menée par des ouvriers français à Aigues-Mortes, et en explique le contexte.
♦ L’opération ovalie de Mussolini ou comment la promotion du rugby devient pour le régime fasciste un moyen de rallier les ressortissants de la péninsule, immigrés en France.
Autour de la Grande Guerre, à noter aussi, un album consacré à Lazare Ponticelli. Dernier des poilus, disparu en 2008, il avait choisi de défendre la France 25 ans avant sa naturalisation. Héros de la première guerre mondiale, il crée avec ses frères une entreprise prospère, un modèle de réussite dans l’intégration. Un autre article émouvant est consacré aux Garibaldiens, ces chemises rouges – des milliers de volontaires italiens -, qui de décembre 1914 à mai 1915, avant que l’Italie n’entre elle-même dans le conflit, se sont battus aux côtés des Français.
Et pour conclure ce rapide tour d’horizon de ce Spécial Historia, les chroniques de Guillaume Malaurie qui évoque les relations passionnelles entre l’Italie et la France, sœurs latines, souligne-t-il, mais point jumelles, et d’Emmanuel de Waresquiel qui rappelle, quant à lui, que si « les Italiens nous doivent peut-être un peu, nous leur devons infiniment plus ».