L’enlèvement (Rapito) de Marco Bellocchio arrive au cinéma en France

Le réalisateur italien Marco Bellocchio, 58 ans de création, a choisi pour son 27ème film de nous présenter «Rapito» (L’enlèvement) qui sortira en salles en France mercredi 1er novembre  et  ceci un an après Esterno Notte, sa série sur l’enlèvement et l’assassinat en 1978 de l’ex-chef du gouvernement italien Aldo Moro. Présenté en Compétition officielle au dernier Festival de Cannes, ce nouveau film, au casting impeccable, raconte avec force l’obsession du prosélytisme et les dangers toujours actuels du fanatisme religieux. Invitations à tenter de gagner pour les lecteurs Altritaliani.

Synopsis :
En 1858, dans le quartier juif de Bologne, les soldats du Pape font irruption chez la famille Mortara. Sur ordre du cardinal, ils sont venus prendre Edgardo, leur fils de sept ans. L’enfant aurait été baptisé en secret par sa nourrice étant bébé et la loi pontificale est indiscutable : il doit recevoir une éducation catholique. Les parents d’Edgardo, bouleversés, vont tout faire pour récupérer leur fils. Soutenus par l’opinion publique de l’Italie libérale et la communauté juive internationale, le combat des Mortara prend vite une dimension politique. Mais l’Église et le Pape refusent de rendre l’enfant, pour asseoir un pouvoir de plus en plus vacillant… 

L’Enlèvement 2h 15min
Genre : Drame
Réalisation : Marco Bellocchio
Casting : Paolo Pierobon (le pape Pie IX) , Enea Sala Edgardo Mortara), Leonardo Maltese (Edgardo adulte), Fausto Russo Alesi (le père), Barbara Ronchi (la mère).

Des invitations pour une personne sont offertes par le distributeur et à tenter de gagner en écrivant à Altritaliani.partenariats@yahoo.fr, avec la mention « L’enlèvement » en précisant votre nom et votre adresse postale. JEU-CONCOURS TERMINÉ!

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NOTE SUR LE FILM D’ANGELINA ZAZZERA-MATSAGGOS POUR ALTRITALIANI:

« Rapito » arrive au cinéma fort à propos pour le quatre-vingtième anniversaire de la rafle et de la déportation des Juifs du ghetto de Rome. Il s’agit en effet de l’enlèvement d’un enfant de famille juive pour le convertir à la foi catholique, enlèvement perpétré à Bologne (ville historiquement en conflit avec le pouvoir papal) par l’Inquisition, fer de lance de l’intégrisme catholique et bras armé d’une papauté en déclin face à la poussée de l’unification de l’Italie.

Le film s’inspire d’un fait réel qui fit scandale en Italie et jusqu’aux USA, dans la période allant de 1852 à 1870, celle du Risorgimento, traversée par les déséquilibres politico-sociaux de l’épopée garibaldienne. Ce sont précisément ces moments de l’histoire que Bellocchio affectionne car ils « fondent la société et la façonnent », dit-il.

Ce drame de la déchirure et de l’arrachement, souffrances insoutenables pour un enfant de 7 ans et pour une famille, se transforme vite en une fresque historique grandiose de lutte contre l’intolérance. La fièvre qui pousse les parents juifs à vouloir libérer l’enfant de la manipulation mentale qui l’attend est soutenue par l’opinion publique d’alors et se confond avec les forces de la démocratie naissante en Italie. Ces dernières s’opposent à l’Eglise, alors dernier bastion moribond d’un obscurantisme conservateur résistant violemment à la marche du monde. Les doutes d’Edgardo Morara devenu un adulte formaté, qui n’a jamais remis en question sa conversion à la foi catholique, reflètent toutes les contradictions de l’Italie, déchirée entre religiosité et désir d’unité et d’indépendance.

Le talent phénoménal de Bellocchio, ce «jeune réalisateur» de 83 ans, donnant toujours l’impression à chaque film qu’il est au sommet de son art, a consisté à traduire toute la violence du destin de cet enfant, non seulement à travers un titre choc, mais aussi  des plans caravagesques d’une coloration aux tons très bruns, des scènes de nuit en clair-obscur (par exemple les deux premières), une musique symphonique et une ambiance sonore qui épousent parfaitement l’évolution des personnages et les tortures morales de l’enfant.

Le génie de Bellocchio consiste aussi, à travers cette histoire, à attirer notre attention sur les rouages de la manipulation, l’importance de l’éducation, et la fragilité des enfants, surtout peut-être les plus obéissants. Les plus aimés, seraient-ils les moins armés pour résister ?

Nous signalons enfin deux livres dont s’est inspiré Bellocchio pour ce film: L’incroyable destin d’Edgardo Mortara de David Kertzer et Il caso Mortara de Daniele Scalise.

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