Un groupe d’adhérents de notre Association ItalyAmo, dont le but à Saint-Germain-en-Laye est de promouvoir l’enseignement de la langue et de la culture italiennes, a récemment visité à Barletta, au nord des Pouilles, le Palazzo della Marra, joli musée dédié par sa ville natale au peintre Giuseppe De Nittis, mort à Saint Germain en Laye en 1884, effectuant ainsi à rebours le voyage que l’artiste avait fait dans la seconde partie du 19e siècle. Merci à notre formidable guide, Danilo Carrozzo!
Né en 1846, De Nittis se consacre à la peinture de la nature dès son plus jeune âge. Plus tard, il part à Naples pour parfaire sa formation auprès de l’Académie des Beaux-Arts. En 1867 le peintre décide de visiter Paris et c’est un véritable choc pour lui, il tombe littéralement sous son charme et décide de partir s’y installer un an plus tard.
Giuseppe De Nittis fait partie de ces artistes italiens, encore peu nombreux à cette époque-là, qui décident de tenter leur chance dans la capitale mondiale de l’art : Paris. La Ville Lumière est en pleine ébullition culturelle et sociale. Moderne et riche, Paris devient un véritable pôle d’attraction pour les artistes en quête de reconnaissance et de succès.
La vie artistique de De Nittis peut être vue comme une parabole. En effet, dès qu’il arrive à Paris le succès est immédiat. De Nittis, à l’instar de son contemporain Giovanni Boldini, a un talent inné pour peindre la beauté des femmes, leurs attitudes et leurs robes magnifiques. Il a su intégrer avec talent ce thème à la peinture de paysage, ce qui lui a valu l’appellatif de peintre des Parisiennes. Rapidement, les commandes sont trop nombreuses et malgré l’aide de sa femme, l’artiste ne peut tenir un rythme si élevé ; son succès devient donc vite une source de stress.
Peintre de la vie moderne, de la nature, du plein air, De Nittis s’intéresse aussi à l’activité des boulevards, aux chantiers parisiens, aux courses hippiques d’Auteuil ou de Longchamp, attentif à noter les modes de l’élégant public. Il fut l’ami de Caillebotte, de Manet et de Degas et attira l’attention de grands collectionneurs passionnés de japonisme.
En 2010, le Petit-Palais lui a consacré une exposition remarquable qui permit de mieux le faire connaître à nos contemporains.
Dans les dernières années de sa vie (il meurt en 1884 frappé d’une embolie cérébrale, à l’âge de seulement 38 ans!), il décide de trouver un havre de paix dans un petit coin de paradis près de Paris, Saint-Germain-en-Laye, où il passera ses derniers moments avec sa femme Léontine et son fils, ses véritables amours. Dans sa demeure, au 53 rue de Mantes, il va réaliser un de ses chefs-d’œuvre: « Petit déjeuner dans le jardin », un véritable concentré de son art et de tout l’amour qu’il avait pour sa famille, dans le contexte idyllique de Saint-Germain-en-Laye.
De retour de notre voyage à Barletta, avec les élèves d’ItalyAmo, nous nous sommes livrés à quelques recherches et avons retrouvé l’endroit où se trouve la maison dans laquelle le peintre a fini sa courte vie et retrouvé son acte de décès sur lequel apparaissent en tant que témoins les signatures de deux grands français : Alexandre Dumas et Edmond De Goncourt. Celui-ci trace de De Nittis le touchant portrait suivant : «la mort de cet homme de trente-huit ans, de ce garçon si aimable et si ingénieux à vous faire du plaisir et de la joie chez lui, de ce peintre, si peintre, a rencontré une sympathie bien naturelle, et c’est merveilleux et touchant, le luxe des fleurs déposées sur son cercueil».
Giuseppe De Nittis est enterré au cimetière du Père-Lachaise. Sa veuve a fait don de nombre de ses tableaux à la ville de Barletta, sa ville natale, parmi lesquels «Petit déjeuner dans le jardin».
Paola Gagliano
N.d.r. En savoir + sur Giuseppe De Nittis :
–De Nittis e Boldini, due magnifiche mostre Gemelle tra Ferrara e Barletta (article Altritaliani)
–Pinacoteca Giuseppe De Nittis à Barletta