La tradition représente nos racines, notre mémoire ; elle a été transmise à travers la culture orale, pendant des siècles. La mémoire et la culture de l’oralité sont un patrimoine universel à préserver et à valoriser, a reconnu l’UNESCO dans sa Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel adoptée le 17 octobre 2003.
En l’absence d’un cadre de protection et de valorisation, le patrimoine culturel est rendu très vulnérable non seulement par les situations de catastrophes imminentes mais aussi par d’autres facteurs extérieurs qui contribuent à la disparition des traditions et des pratiques culturelles tels que l’accroissement de la population, l’urbanisation, la pauvreté et les projets de développement. Depuis six ans, l’Unesco a reconnu l’importance de sauvegarder et de transmettre l’immense Patrimoine Immatériel qui révèle le caractère unique et original de chaque groupe social (Convention adoptée le 17 octobre 2003)
Le Patrimoine culturel immatériel (voir le définition de l’UNESCO)se rapporte aux expressions des classes populaires qui sont inscrites dans les traditions orales, les arts du spectacle vivant, les fêtes et le savoir-faire des confréries artisanales. Ce patrimoine constitue un facteur considérable de la diversité culturelle.
Le fait d’assurer la sauvegarde de ce patrimoine garantit en même temps la conservation des expressions culturelles qui sont le propre de chaque individu dans son contexte social et concourt à former ce qui est communément appelé « tradition ». La tradition représente nos racines; elle a été transmise à travers la culture orale, seule méthode de transmission pendant des siècles ; elle est le produit de notre mémoire. La mémoire et la culture de l’oralité sont un patrimoine immatériel à préserver et à valoriser. Les conteurs/chanteurs sont des « bibliothèques vivantes » qui peuvent nous offrir l’accès à la connaissance de la tradition.
Il est reconnu que la mémoire corporelle, l’écoute, la capacité à transmettre, sont essentielles dans des sociétés sans écriture, elles sont enseignées à travers le chant, le récit et la danse, en particulier au cours de fêtes qui rassemblent les générations. Ce qui est transmis par l’émotion pendant ces fêtes n’est pas oublié. L’accès à la modernité et à la globalisation, qui caractérise notre époque, et la place de plus en plus prépondérante qui est faite à l’écriture, créent un contexte nouveau qui remet en cause le dynamisme de la continuité de la tradition orale, et provoque des ruptures critiques dans sa genèse, sa gestion et sa transmission aux générations présentes et futures. Aujourd’hui, nous sommes dans une société qui communique avec des images et des textes très synthétiques et rapides ; on en arrive à perdre la composante de l’émotion et de la réflexion, qui sont au contraire au cœur de la communication orale.
Nous sommes à la recherche des maîtres, des « passeurs de mémoires » ; nous avons soif de chants, de contes, de traditions, parce que ce sont des racines qui viennent de loin et qui nous font retrouver nos origines. Ces maîtres peuvent nous « passer » les traditions et surtout ils peuvent nous réapprendre les valeurs que nous risquons de perdre… Ces maîtres passeurs sont enracinés, mais sont aussi le métissage des cultures, l’ensemble des cultures qui se sont déplacées dans le monde et qu’ aujourd’hui on cache, on oublie, on efface trop souvent pour créer des nouvelles catégories : les sans-papiers, les clandestins…
Par Morena Campani
Photo : Morena Campani et Dario Fo, un grand « maître ».