Le village calabrais que décrit le documentaire sorti récemment en France et qui connaît un grand succès, c’est Riace qui accueille des migrants depuis 1998. La philosophie de Città futura, l’association gérant cet accueil est résumée par deux images peintes sur les murs du village. L’une représente des nuages se dirigeant vers l’Italie, chacun symbolisant un pays que fuient les populations,
l’autre une carte de l’Italie faite de petits bonshommes noirs avec cette légende «please disturb».
On admire Città futura mais comment soutenir son action?
Je partage l’enthousiasme de l’article publié sur ce même site pour le film «Un paese di Calabria».
L’association Città futura est un bel exemple de solidarité, de générosité et d’espoir. Je me suis arrêté deux fois à Riace au cours de randonnées et je connais donc assez bien le village.
Le film signale les difficultés dues à l’hostilité de la n’drangheta, la puissante mafia calabraise, et souligne le courage du maire qui ose se porter partie civile contre cette dernière.
Riace et son projet d’accueil tiennent grâce à l’enthousiasme d’une majorité des habitants mais aussi parce qu’il s’appuie sur un intérêt commun: la renaissance du village, créatrice d’emplois. Les réfugiés ne sont pas vus comme des assistés mais comme artisans à part entière de la prospérité du village. Le film aurait été plus convaincant si, tout en jouant sur l’émotion du spectateur, il avait aussi montré quelques aspects matériels de l’intégration des réfugiés : les ateliers, la restauration de maisons, des aménagements qui embellissent le village, la remise en culture de terrasses millénaires abandonnées ces dernières années…
Le tourisme est quasi absent. Ce n’était pas le propos du film. Cependant, c’est certainement un des atouts principaux de Riace. Le vieux village perché sur une colline comporte aussi une partie station balnéare, Riace Marina, qui attire beaucoup de monde en été. Il est situé dans une région magnifique, en bordure des Serre, petit massif verdoyant, coincé entre le massif forestier de la Sila et l’Aspromonte. On peut faire de superbes balades dans l’arrière pays. Les forêts, les torrents, les cascades ou le maquis couvert de fleurs au printemps nous ont enchantés. Près de Riace se trouvent des sites comme la Cattolica de Stilo, des monastères, une église souterraine, témoignages de l’influence byzantine. Riace et les villages alentour sont pittoresques comme le montre le film.
La Calabre est méconnue, les tours operators, organisateur d’un tourisme de masse ne connaissent que la côte. Certains proposent des randonnées à l’intérieur des terres mais, à ma connaissance, aucun ne passe par Riace. Le tourisme qui permet de découvrir la région dans ce qu’elle a de plus profond, de plus secret et de plus beau n’est assuré que par des associations locales ou des initiatives individuelles.
A Riace, città Futura pratique « l’ospitalità diffusa » qui consiste à mettre des maisons à la disposition des touristes et à leur faire vivre la vie et la culture locale. C’est une incitation à restaurer, un petit gain pour les propriétaires, des clients pour le restaurant tenu par Città futura et pour les ateliers, une invitation à se rendre sur place et contribuer à leur effort.
Naturaliter, une coopérative de tourisme «sostenibile» propose un itinéraire qui s’arrête quatre jours sur sept à Riace. Une belle expérience à tenter.
Naturaliter : info@naturaliterweb.it et son correspondant en France : passeggiate@free.fr.
Marc Delacherie
LIEN INTERNE ALTRITALIANI:
Riace et Città futura, article bilingue français et italien
de Marc Delacherie (2009)
LIENS EXTERNES:
PASSEGGIATE: http://www.randopasseggiate.fr/
NATURALITER: http://www.naturaliterweb.it/
