ALTRITALIANI ET LA LIBRERIA – 87 rue du Faubourg Poissonnière, 75010 Paris – ont le plaisir de vous inviter à la présentation du livre “Profeti inascoltati – Il pacifismo alla prova della Grande Guerra”, vendredi 29 avril, à 19 heures, en présence de Fulvio Senardi, directeur de l’ouvrage, Giovanni Capecchi, professeur de littérature italienne de l’Université pour Etrangers de Pérouse et Nicola Guarino de notre rédaction.
Après avoir donné la parole une année durant aux écrivains italiens de la Première guerre mondiale dans le dossier (Mensile) Raccontare la Grande Guerra: La voce degli scrittori (Lussu, Gadda, Giani e Carlo Stuparich, Slataper, Alvaro, Stanghellini, Marinetti, De Roberto, Pirandello, Monelli et d’autres encore…), nous vous proposons pour clore ce cycle une rencontre sur le thème du pacifisme. Comment se fait-il que les mouvements pacifistes si actifs et vigoureux à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle n’aient pas réussi à empêcher le déclenchement de la Première Guerre Mondiale? Quelles sont les grandes personnalités qui ont marqué ce mouvement d’opinion par la lucidité de leur analyse et leur engagement, qui sont ces prophètes de la paix qui ne furent pas écoutés?
Profeti inascoltati
Il pacifismo alla prova della Grande Guerra
(con contributi di A. Brambilla, G. Caccamo, G. Capecchi, R. Cepach,
R. S. Crivelli, F. De Poli, F. Fabbri, B. Hautecloque, A. Laldi,
S. Magni, F. Pistolato, F. Senardi, F. Salimbeni)
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Issu du colloque qui s’est tenu en 2014 sous les auspices de l’Istituto Giuliano di Storia, Cultura e Documentazione di Trieste e Gorizia, le volume qui vous sera présenté réunit treize contributions de spécialistes italiens et français sous la direction de Fulvio Senardi. Il se propose d’analyser les grandes tendances des mouvements pacifistes européens, vigoureux et actifs à la charnière du XIXe et XXe siècle, mais impuissants à empêcher le déclenchement de la Première guerre mondiale.
Dans sa dense introduction, Senardi synthétise le parcours des deux plus importants mouvements pacifistes européens, celui du libéralisme bourgeois et celui du socialisme d’avant-guerre, à travers les idéaux qui les inspirèrent, les personnalités qui les incarnèrent, les dissensions qui les parcoururent.
Si l’idée d’une “fraternité nationale” unit, lors de l’été 1914, la société bourgeoise et les classes populaires, les failles s’ouvrirent rapidement. Ce fut le «OUI» à la guerre des jeunes gens issus des classes cultivées, qui virent dans le conflit une transgression des valeurs libérales de leur origine à travers le culte de la virilité, une formation morale fondée sur le courage et le sacrifice ou encore l’espoir d’un “sang nouveau” irriguant leur propre “classe anémiée”.
En revanche le «NON» à la guerre des masses populaires fut globalement celui du refus d’une guerre “impérialiste” du capitalisme européen; il fit fond sur l’internationalisme socialiste mais appela faiblement à la désertion de masse et à la grève générale jusqu’à ce que les grandes puissances, par patriotisme nationaliste, votent pour une “guerre juste”. Coexisteront en Italie, une période de neutralité et une poussée interventionniste “démocratique”, s’inscrivant dans l’idée d’un achèvement des guerres du Risorgimento.
Le volume réserve une section aux “raisons de la paix” dans la littérature italienne. Sans que soient oubliés les bellicistes tels que D’Annunzio ou Corradini, les écrits de De Amicis, Carducci, puis de Palazzeschi, Serao, Pascoli, jusqu’aux “scissions” de Svevo, font l’objet d’études sur la “sensibilité” pacifiste des hommes de lettres, plus que sur une croyance ferme et inébranlable. Dictée parfois par l’antimilitarisme courageux d’un Lucini, elle reflète aussi l’irrésolution, voire l’opportunisme de certains écrivains.
Prophètes sans audience, incompris, pourrait-on dire, mais voix témoignant de débats fondamentaux que certains, tel un Jaurès ou une Rosa Luxemburg, payèrent de leur vie. Prophètes «désarmés», aurait dit Machiavel, qui ne purent faire coïncider idéal et action, au sein d’un monde gagné par l’impérialisme du capital industriel ainsi que par la violence nationaliste.
La rencontre se déroulera en italien et s’achèvera sur un verre amical.
Emmanuelle Genevois
Maître de conférences et traductrice
pour Altritaliani