Benedetta Craveri, professeur de littérature française à Naples, membre de l’Accademia dei Lincei et spécialiste de la littérature française des XVIIe et XVIIIe siècles, s’est penchée en historienne sur le destin de la très belle Virginia Verasis, comtesse de Castiglione, qui marqua les esprits au XIXe siècle. Un portrait fascinant nourri de lettres inédites. J’ai eu le livre en mains et vous le recommande.
Née dans l’aristocratie florentine en 1837, elle est déjà célébrée pour sa beauté dès l’âge de 13 ans. Deux ans plus tard, elle épouse à Turin le comte de Castiglione, gentilhomme attaché à la personne du roi Victor-Emmanuel, beaucoup moins charismatique et intelligent qu’elle. Lorsqu’elle arrive en France en 1857, le Paris du Second Empire tombe à ses pieds.
L’auteure, Benedetta Craveri, présentera son livre La Contessa, publié chez Adelphi en 2021 et, la même année, en traduction française chez Flammarion, en dialoguant avec les écrivains René de Ceccatty et Alexandra Lapierre, mardi 22 mars à 19 heures à l’Institut culturel italien de Paris.
LE LIVRE – PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR FRANÇAIS
Benedetta Craveri
La Contessa
Traduction de l’italien : Dominique Vittoz
Editions Flammarion
2021
On croyait tout savoir de Virginia Verasis, comtesse de Castiglione, qui – à dix-huit ans à peine – s’était vu confier par le gouvernement piémontais la mission de « coqueter et séduire » Napoléon III. Tous les moyens étaient bons pour faire avancer la cause de l’unification italienne et obtenir le soutien de la France dans le conflit opposant le Piémont à l’Autriche. Les choses n’ont guère traîné : la belle Italienne, devenue sans perdre de temps la maîtresse de l’empereur et la coqueluche du Tout-Paris, a ensuite traversé les années du Second Empire et de la IIIᵉ République comme une diva en tournée, poursuivie par des nuées d’amants à ses ordres, tout en veillant à immortaliser son incomparable beauté par des centaines de photos destinées à marquer son époque. Puis, l’âge venant, elle a affronté le déclin comme une héroïne tragique.
Ce livre raconte aussi une autre histoire. En se fondant sur de très nombreux documents inédits, il dessine le portrait d’une femme assoiffée de liberté, refusant toute emprise masculine : «Comme la justice est faite par les hommes, c’est l’injustice pour la femme.» Bafouant les règles du siècle bourgeois, la Contessa ne renonça jamais à son indépendance, fidèle uniquement à ses changeantes passions.
En reconstruisant ce destin, grâce à ses propres témoignages et à ceux de ses proches, Benedetta Craveri nous convainc que la devise de la Castiglione, «Moi, c’est moi», n’est pas tant une revendication préféministe que le cri d’une personnalité insaisissable et farouche. Une éternelle fugitive qui se dérobe à toute explication convenue.