Mise à jour: l’exposition est prolongée jusqu’à fin mai. Les musées sont fermés, mais pas les galeries dont celle de la Librairie italienne la Tour de Babel dans le Marais. Elle accueille du 9 Mars au 30 avril 2021 une exposition de la photographe italienne Veronica Mecchia dont Altritaliani apprécie la sensibilité (voir ICI son hommage à Auguste Rodin). Deux séries de ses travaux dialoguent depuis hier sur les cimaises de la Tour de Babel et ont l’Italie comme sujet commun : «Voyage en Italie» et «Habiter poétiquement le monde». Elles constituent un voyage sentimental et poétique dans son pays natal qu’elle évoque avec nostalgie. Veronica Mecchia présente également ses livres d’artiste réalisés à la main.
Voici ce que Veronica Mecchia écrit à propos de ses travaux :
Voyage en Italie
J’ai toujours visité l’Italie en train et j’ai vu ses paysages pour la première fois à travers une fenêtre. Sur les traces des voyageurs du passé qui, auparavant, s’aventuraient dans le Grand Tour, j’ai découvert mon pays en utilisant le train comme un kaléidoscope. Dans ce travail photographique, j’ouvre une fenêtre sur une Italie disparue ou sur le point de disparaître. J’aime ce qui raconte un passé qui n’existe plus : les gares abandonnées, où j’étais la seule passagère à attendre, les compartiments en ruine, sans climatisation, au mois d’août. J’ai commencé à prendre les photos que j’ai rassemblées sous le titre « Voyage en Italie » en hommage à Goethe, à l’occasion d’une exposition en Allemagne, il y a plus de vingt ans, alors que je vivais encore à Milan. Quand j’ai déménagé à Paris, elles ont acquis une valeur différente, en s’enrichissant de la nostalgie que je ressens pour mon pays. Dans ce voyage imaginaire, le temps et l’espace importent peu : ce sont les émotions que les lieux ont suscité en moi que je voulais sauvegarder en images.
Habiter poétiquement le monde
J’ai toujours été touchée par le côté éphémère des choses et des êtres vivants, par le passage inexorable du temps. Une de mes premières séries, “Vanitas” se saisissait de cet aspect douloureux et, s’inspirant de la tradition de la peinture, elle désirait le représenter. J’ai mûri en moi cette conscience profonde de l’éphémère et pour lui faire perdre en mélancolie, c’est à sa célébration que j’ai voulu participer en lui rendant hommage dans « L’Impermanence de toute chose », œuvres inspirées de la culture et des arts orientaux. De ce parcours est né ma toute dernière série de photos. Elle rompt avec l’opposition entre vie et mort pour les concevoir finalement comme les deux côtés d’un miroir à traverser : sans l’une, l’autre n’existerait pas. C’est une tentative de s’incarner, de prendre conscience que l’on vit ici et maintenant ou, comme l’écrivait Hölderlin, d’«habiter poétiquement le monde».
*
(publié le 10 mars)