Aujourd’hui, les vrais Vénitiens sont une espèce en voie de disparition. Beaucoup ont pris la route de l’exil, loin de leur patrie tant aimée. Et la ville, inexorablement, se transforme au gré des nécessités touristiques, et change de mentalité. Les photographies de Serge Bassenko, prises dans les années 70-90, plongent dans ce monde intime et profondément émouvant, et permettent de découvrir – ou de retrouver – une face de Venise étonnante et intime.
La Bibliothèque de l’Université Inter-Âges de Versailles expose 40 de ses photographies en noir et blanc du 29 novembre au 4 janvier prochains, parallèlement à un cycle de conférences sur Venise. Une rencontre-souvenir vous attend au vernissage le jeudi 30 novembre 2017 à 18 heures.
Le PORTFOLIO en bas de page montre quelques-unes des images qu’il a prises à cette époque. Certaines d’entre elles feront partie de l’exposition.
Serge Bassenko a passionnément aimé Venise, l’a parcourue dans tous les sens et y a pris mille et mille photographies, de jour, de nuit, par tous les temps, et dans la lagune sauvage. Il est allé avec sa barque dans des petits canaux invisibles de la rive, a flâné par les ruelles tranquilles et dans la nuit mystérieuse, doucement éclairée de pauvres réverbères, il s’est aventuré dans la lagune lointaine connue seulement de quelques pêcheurs. Ce sont des images rares, les souvenirs émouvants d’un amoureux qui se sentait chez lui dans l’affectueux cocon de la ville:
«J’ai cherché à photographier l’âme de Venise», disait-il, pour citer ses mots.
Pour réaliser son œuvre, il a utilisé des appareils Contax 1 Zeiss de 1930 – complètement restaurés par lui-même – à cause de leurs merveilleux objectifs, tous faits main, qui ont un rendu si précis et si sensible. C’est un régal pour les amateurs de photos argentiques.
Serge Bassenko a passé une vingtaine d’années à réaliser son œuvre et en a tiré deux CD-Rom d’environ 1 500 photographies où l’on peut flâner à loisir. Vous pouvez les consulter sur son site.
Des personnalités les ont appréciées et soutenues au sein d’organismes comme la Bibliothèque Nationale Saint-Marc et l’Université Cà Foscari de Venise, le Conseil National de la Recherche, l’UNESCO à Paris, le FAI – Fonds pour l’Environnement italien – à Saint-Germain-en-Laye.
Pendant ses séjours, il s’est fait des amis sincères, a habité chez les uns, chez les autres; ils lui ont donné leurs barques, leur fegadin, et plus encore leurs rires et leurs souvenirs.
Pour conserver une trace de ces merveilles, Serge Bassenko a aussi écrit un roman, “Il pleut”, qui montre l’envers du décor de la ville la plus célèbre du monde : la vie de tous les jours des Vénitiens, à Venise, en 1973. Le sentiment de vivre heureux, ensemble, chez soi.
Les photographies montrent Venise, le roman montre les Vénitiens. Ces deux réalités se complètent et forment un tout.
Le roman nous fait partager la vie de jeunes amis Vénitiens, découvrir les petits métiers, apprendre à manœuvrer une gondole, accompagner l’oncle qui habite la lagune pour vendre ses légumes au marché du Rialto, manger les bonnes choses qu’on fait à la maison, découvrir la si caressante langue vénitienne. Toute une vie ignorée des touristes pressés par le temps – si simple mais si pleine.
La marée monte et descend, l’eau clapote contre les barques de bois, les palais se reflètent dans l’eau calme, le brouillard vient envelopper la lagune. Peut-être, comme le jeune héros, tomberez-vous amoureux de ce monde si attachant, mais déjà si dangereusement menacé par la vie moderne ?
MARINO ZORZI a été le directeur de la Bibliothèque Saint-Marc de Venise, la plus vieille bibliothèque d’Europe, et est descendant de doge. Voici ce qu’il pense des photographies de Serge Bassenko :
« La Venise de Bassenko est tout ensemble authentique et métaphysique. Sa main experte sait saisir des instants irréels, des lumières mystérieuses, en créant une atmosphère d’attente, de suspension, de rêve. La beauté des lieux, pleine d’histoire, se charge d’une valeur nouvelle, il n’est pas de forme humaine qui trouble le silence onirique des places et des ruelles immobiles. Le sens du mystère domine aussi les images de la lagune : Bassenko saisit l’attrait fascinant de cet espace unique, ni vraiment terre ni vraiment mer, qui a été le berceau d’où Venise est née et qui aujourd’hui encore l’entoure de ses bras. Moi, vénitien, je ressens que Bassenko a su fixer dans ses images l’essence de notre monde, dont le caractère semble se perdre dans le vacarme moderne mais qui aujourd’hui encore se manifeste à celui qui sait le voir. Il est impossible d’oublier les photographies de Bassenko, car elles nous redonnent cette Venise que nous portons en nous. »
Qui était Serge Bassenko? Voilà comme il avait choisi de se présenter:
« On s’inquiète toujours de savoir ce qu’un tel a fait ou n’a pas fait. Mais les actes révèlent-ils vraiment une personne?
Pour un créateur, ce qui compte, c’est ce qui dort au fond de lui et qui émerge parfois. Pour un homme, ce qui compte, ce sont les amis qu’il s’est faits et qu’il a servis.
Pour le reste, oui, j’ai étudié, lu, interrogé les hommes et la nature; oui, j’ai abandonné ma vie professionnelle pour faire des photographies à Venise et dans la campagne française, et pour écrire 19 romans, une pièce de théâtre Antigone et des pensées sur la vie Le Sage.
Si vous, vous voulez me connaître, regardez plutôt mes photos et lisez mes textes, c’est là que je suis. »
Informations pratiques:
- Bibliothèque de l’Université Inter-Âges
- 6 impasse des Gendarmes Versailles. Téléphone : 01 30 97 83 89
- Du 29 novembre 2017 au 4 janvier 2018.
- Vernissage jeudi 30 novembre à partir de 18h
Le roman “Il pleut” de Serge Bassenko est disponible en librairie et sur Internet :
Editions Edilivre
Site de Serge Bassenko: www.lupusae.com
CD-Rom
PORTFOLIO DE PHOTOS ©Serge Bassenko
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