Le 3 octobre sort dans les salles françaises le film “Reality” de Matteo Garrone, une comédie noire, une farce truculente à la napolitaine, un film ironique et riche en paradoxes, autour de la télévision berlusconienne “miroir aux alouettes”. La critique parle d’une redécouverte de la comédie à l’italienne. Le film, très applaudi sur le Croisette, a obtenu le Grand Prix du Jury du Festival de Cannes 2012.
Quatre ans après Gomorra, voici de retour en France le réalisateur Matteo Garrone avec “Reality”, pour nous raconter, sous forme réaliste, un de ces scénarios de fables baignées d’espoirs et d’illusions dont la télévision revendique l’invention et qu’elle impose à des heures de grande écoute à des télespecteurs naïfs, leur inculquant l’idée que le monde et le succès se conquièrent en paraissant simplement dans un tube cathodique. Une télé-réalité devenue un vrai délire et dont les grandes prêtresses ( en Italie la papesse s’appelle Maria De Filippi) célèbrent le rituel , distribuant des sermons, saccageant et humiliant (à coups de millions) une humanité de malheureux, qui le deviennent plus encore.
Garrone plonge ainsi son regard dans une Italie où l’apparence est reine et où, a-t-il déclaré, «beaucoup de gens pensent que la télé réalité et les reality-shows peuvent changer leur destin». «Nous avons voulu présenter la télévision comme une sorte d’Eldorado ou mieux encore comme un paradis terrestre».
Le sujet de “Reality” est tiré d’une histoire vraie: «Je cherchais un sujet qui soit à la hauteur de Gomorra, qui ait la même force, mais je n’y arrivais pas. Puis on m’a raconté cette histoire typiquement napolitaine (Ndr. celle d’un homme du peuple, qui rêvant de succès facile et de célébrité télévisive se présente à un casting du “Grande Fratello”, équivalent italien mais plus trash de notre “Loft Story”), et j’ai eu envie de la transformer en récit cinématographique. Enfin, j’ai réussi à me libérer de Gomorra!»
Le sujet de “Reality” est donc tiré d’une histoire réellement survenue à Naples, qui reste pour Garrone «le lieu des contradictions», qui se reflètent également dans le visage des interprètes du film.
Luciano, le héros, interprété par Aniello Arena, a été découvert par Garrone dans les spectacles théâtraux de la prison de Volterra, où il est en détention depuis 18 ans. L’acteur n’a pas obtenu l’autorisation de participer à la sortie du film à Cannes.
La prison est pour l’instant la réalité d’Aniello Arena, tandis que «le film se tient sur la frontière ténue entre rêve et réalité», cherchant à apparaître comme un conte. Et c’est dans un décor de lumière et de musique que Garrone a voulu réaliser ce film et lui donner des tons vaguement felliniens qui ne gâtent rien.
Armando Lostaglio
avec le concours de Patrizia Vaccaro pour la traduction
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SYNOPSIS DU FILM
Au coeur de Naples, Luciano est un chef de famille hâbleur et joyeusement exubérant qui exerce ses talents de bonimenteur et de comique devant les clients de sa poissonnerie et sa nombreuse tribu. Un jour, poussé par ses enfants, il participe sans trop y croire au casting de la plus célèbre émission de télé réalité italienne.
Dès cet instant, sa vie entière bascule : plus rien ne compte désormais, ni sa famille, ni ses amis, ni son travail ni même la petite arnaque imaginée par son épouse pour améliorer un peu leur ordinaire! Le rêve de devenir une personnalité médiatique modifie radicalement son destin mais aussi celui de tout son entourage.
LA BANDE ANNONCE