Vendredi 5 mars 2010, à 19 heures, LA LIBRERIA vous invite à rencontrer l’historien Gérard Noiriel, spécialiste reconnu de l’histoire de l’immigration, à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage : « Le Massacre des Italiens – Aigues-Mortes, 17 août 1893 » (Ed. Fayard). Quelques semaines après les dramatiques émeutes de Rosarno, en Calabre, difficile de ne pas se dire que l’histoire se répète de façon sinistre…
Le 17 août 1893, dans les marais salants d’Aigues-Mortes où la récolte du sel rassemblait des centaines de travailleurs français et italiens, s’est déroulé le plus sanglant « pogrom » de l’histoire française contemporaine : des émeutes entre ouvriers ont provoqué la mort d’au moins huit d’entre eux et fait plus de cinquante blessés, tous des Italiens, massacrés par des Français. En dépit des preuves accablantes réunies contre eux, les assassins furent tous acquittés. Cet événement a placé la France au ban des nations européennes et l’a conduite à deux doigts d’une guerre avec l’Italie. Finalement, afin de préserver la paix, les deux gouvernements ont préféré enterrer l’affaire.
Spécialiste reconnu de l’immigration et de la question nationale, Gérard Noiriel rouvre ce douloureux dossier et explique pourquoi les mutations politiques et économiques de la fin du XIXe siècle ont rendu un tel massacre possible. Comment les discours officiels sur la fierté d’être français ont-ils incité les laissés-pour-compte de la République à s’acharner contre les étrangers ? Comment le patronat, les militaires, les journalistes, les juges et les politiciens sont-ils parvenus à échapper à leurs propres responsabilités ?
L’affaire d’Aigues-Mortes montre aussi que, lorsque le pouvoir d’Etat interdit la «repentance», le sentiment de culpabilité des acteurs ou complices d’une tuerie peut se transmettre de génération en génération. En accomplissant avec brio son «devoir d’histoire», Gérard Noiriel donne enfin au «massacre des Italiens» sa juste place dans notre mémoire collective.
Historien, directeur d’études à l’EHESS, Gérard Noiriel est président du Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire (CVUH). Gérard Noiriel a publié de nombreuses études, parmi lesquelles Les Ouvriers dans la société française (Seuil, 1986), Le Creuset français. Histoire de l’immigration XIXe-XXe siècle (Seuil, 1988), Les Origines républicaines de Vichy (Hachette, 1999), Les Fils maudits de la République (Fayard, 2005), Immigration, antisémitisme et racisme en France (XIXe-XXe siècle) : Discours publics, humiliations privées (Fayard, 2007), Á quoi sert « l’identité nationale » (Agone, 2007), et Racisme, la responsabilité des élites (Textuel, 2007).
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Renseignements pratiques :
Vendredi 5 mars à 19h
LA LIBRERIA
89, rue du Fbg Poissonnière
75009 Paris
Tel/Fax + 33 1 40 22 06 94
P.S. Gérard Noiriel sera également reçu à l’Institut culturel italien, 73 rue de Grenelle, mardi 9 mars à 19heures.
Fabio Gambaro, journaliste littéraire (Le Monde), animera la rencontre.
Réservations 01 44 39 49 39