Première rétrospective en France du photographe italien Ferdinando Scianna, membre de l’Agence Magnum, à La Maison Européenne de la Photographie à Paris : de ses premières images prises dans sa Sicile natale à sa rencontre avec le mannequin Marpessa, de son expérience de photographe de mode à ses nombreux reportages qui l’ont amené à parcourir la planète en tous sens.
L’exposition rassemble 120 photographies toutes en noir et blanc, une sélection de différentes séries réalisées à partir des années 60, qui ont fait l’objet de plusieurs livres. Elle occupe tout le 3e étage de la MEP.
A l’étage inférieur, une autre exposition consacrée à son « maître absolu », Henri Cartier-Bresson, une figure marquante dont l’influence a imprégné sa carrière et qui l’a par ailleurs fait entrer à l’Agence Magnum. Ils partagent la même conception de leur métier :
« Mon métier est de photographier, et les photographies ne sont pas le moyen de construire des métaphores. Les photographies montrent, elles ne démontrent pas »(F. Scianna)
« Je n’ai aucun message à délivrer, rien à prouver. Voir et sentir, et c’est l’œil, surpris, qui décide » (H. Cartier-Bresson).
Né à Bagheria près de Palerme en 1943, Ferdinando Scianna publie à l’âge de 21 ans un livre intitulé « Feste religiose in Sicilia » avec son ami l’écrivain Leonardo Sciascia, ouvrage qui le fera connaître. Par la suite, il partagera son temps entre les reportages de presse et la photographie de mode.
Le parcours que met en relief l’exposition La Géométrie et la Passion s’articule en plusieurs thématiques, comme « Sicile, métaphore » avec ses célèbres images cérémonielles et de ferveur populaire où il travaille particulièrement la luminosité et le noir et blanc. « Je suis né en Sicile. La lumière intense est une destinée et une malédiction. Mes images sont construites à partir de l’ombre, la Sicile est un monde de contrastes dramatiques ».
« Exercices de style » présente un ensemble de portraits intrigants, comme ceux de Borgès, Scorsese, Baryshnikov, Ornella Muti ou Saul Bellow.
Dans la série « La Géométrie et la Compassion » vient le glissement vers la mode avec une commande en1987 de Dolce & Gabanna qui cherchaient « un photographe qui ne connaisse rien à la mode mais qui soit Sicilien » et sa rencontre décisive avec sa muse, le mannequin Marpessa qu’il saisit et met en scène dans les rues de l’île de son enfance. De splendides photographies réunies en 1993 dans le livre « Marpessa », Leonardo Arte, Milan. D’autres clichés au cœur du monde de la haute couture (Christian Lacroix, Jean-Paul Gaultier…) côtoient des images plus dures mais profondément humaines de ses reportages en Inde, Afrique ou Amérique du Sud.
Ferdinando Scianna malgré son intense activité de reporter de presse n’a jamais cessé « de photographier passionnément la Sicile, livrant des images à la fois lumineuses et sombres, dont l’ambivalence caractérise son rapport à sa terre natale, mélange d’attachement vibrant et de détachement lucide. »
Une exposition qui vaut le détour ! Un coup de cœur !
La Géométrie et la Passion est également le titre d’un très bel ouvrage réunissant les photographies de l’exposition et un certain nombre de textes de Ferdinando Scianna, lui le photographe et écrivain. Il est publié aux Editions CONTRASTO.
Maison européenne de la Photographie
Jusqu’au 11 octobre
5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris
M° Saint-Paul
Tél 01 44 78 75 00
Du mercredi au dimanche, de 11h à 19h45 (tarifs : 6,50E, tarif réduit :3,50E)
www.mep-fr.org
PHOTOS :
1. Polizzi generosa, Sicile, 1964 ©Ferdinando Scianna/Magnum Photos
2. Fête des saints Alfio et Filadelfo, Trecatagni, Sicile, 1963©Ferdinando Scianna/Magnum Photos
3. Marpessa en Dolce & Gabbana, Villa Palagonia, Bagheria, Italie©Ferdinando Scianna/ Magnum Photos
4. Défilé de mode, Paris, 1989© Ferdinando Scianna/Magnum Photos