S’il est des livres dont le sujet s’impose à l’évidence, d’autres sont des gageures. Monsieur Miroir de René de Ceccatty emporte toute réticence. Auteur d’une trentaine de romans et biographies, éditeur, critique littéraire, traducteur de l’italien (il a traduit Pasolini et Dante entre tant d’autres) et du japonais, René de Ceccatty évoque avec originalité et une grande liberté de ton la vie extravagante de Serge Tamagnot, photographe et créateur de collages surréalistes, une figure aussi attachante que marginale.
Né à Limoges en 1932, il exerça d’abord le métier de peintre sur porcelaine. Installé à Paris sur les encouragements de Marcel Jouhandeau, il gagna sa vie passant d’un boulot à l’autre, se lia à Violette Leduc, Françoise d’Eaubonne mais aussi à des actrices aussi célèbres que Brigitte Bardot ou Claudia Cardinale et à un nombre incalculable de personnalités dont il conquit la confiance. Ses portraits innombrables d’artistes qu’il admirait, comme le chanteur anarchiste Léo Ferré ou Juliette Greco dont il fut proche, sont des plus saisissants.
Avec ses sacs en plastique bourrés de tirages et de collages, il poursuivait ses idoles à la sortie des théâtres ou d’une librairie pour saisir sur le vif Marguerite Duras signant ses ouvrages ou encore Catherine Deneuve croisée par hasard.
Narrant le parcours chahuté de Serge Tamagnot – son existence ne fut pas dénouée de drames – et l’histoire de leur amitié singulière, d’une fidélité intermittente, René de Ceccatty réussit le pari de passionner le lecteur pour un personnage résolument atypique dont il éclaire la vie et l’œuvre jusqu’à l’arracher de l’oubli.
LE LIVRE: Monsieur Miroir. La vie extravagante de Serge Tamagnot, de René de Ceccatty, Editions du Canoë, 396 pp. et trois cahiers de photographies couleur, 22 €.
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