Parmi les nouveautés éditoriales de ce premier semestre 2016, que nous offrent de particulièrement séduisant les librairies de France sur leurs rayons littérature italienne, en français ou traduction française? A la veille des vacances d’été, voici ma sélection, forcément subjective. Des livres que j’ai tous eu en main et que j’ai plaisir à signaler à votre attention.
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Loin de Venise, Vivaldi, Rosalba, Casanova, de Michèle Teysseyre
Éditions Serge Safran
roman
Parution mai 2016
198 pages – 16,90€
À l’automne de leur vie, Antonio Vivaldi, Rosalba Carriera et Giacomo Casanova sont exilés de Venise, après y avoir connu la gloire. Face à l’éloignement, la trahison du corps, quelle posture adopter pour continuer à vivre?
À Vienne, souffrant d’une santé fragile, Vivaldi s’est réfugié chez la veuve Wahler. Musicien prolixe, il s’apprête à composer son dernier opéra pour Anna Girò, son interprète fétiche.
Rosalba Carriera, portraitiste de renom, maître dans l’art du pastel, a la vue qui décline. Dans sa maison de Dorsoduro, entourée de femmes, un voile de plus en plus sombre l’éloigne de sa ville chérie.
C’est à Dux, en Bohême, dans le château des Waldstein, que Casanova passe ses vieux jours. Engagé comme bibliothécaire, il consacre son temps à ses Mémoires quand il n’est pas persécutés par les domestiques ou en compagnie de Dorothée, de la fille du portier.
Entre ombre et lumière, farce et tragédie, Michèle Teysseyre nous plonge au cœur du quotidien de trois des plus emblématiques personnages de Venise.
Pas de tristesse dans ces trois belles histoires contées avec délicatesse et élégance. Michèle Teysseyre est toulousaine mais vénitienne de cœur. Elle l’a déjà prouvé avec ses beaux romans précédents: “Moi, Veronica Franco, courtisane à Venise” ou “La Tintoretta” (Editions Clairsud). Pour documenter ses livres, elle a fait de longs séjours dans la Sérénissime.
La Grande Bouffe de Ugo Tognazzi par Ugo Tognazzi
Ses grandes recettes
Le film culte de Marco Ferreri
Traduit de l’italien par Florence Rigollet
Editions Séguier
Parution mai 2016
288 pages – 21,90€
Ugo Tognazzi et la cuisine italienne, c’est toute une histoire.
En voici pour preuve son autobiographie gastronomique, où se mélangent comme autant d’ingrédients idéaux, les femmes, la sauce tomate, la grand-mère de Crémone, le gorgonzola, le football, l’Italie d’après guerre, l’Italie éternelle, le vin et les pâtes – et le cinéma bien sûr.
Avec ce livre, véritable best-seller en Italie, les gastronomes et les cinéphiles feront table commune. Les premiers y trouveront le meilleur de la Cucina Italiana et de ses classiques, revus et améliorés alla Tognazzi avec plus de soixante-dix recettes.
Les amateurs de comédies italiennes, quant à eux, feront mieux connaissance avec cette figure marquante des années 1970 et 1980 à travers ses souvenirs d’enfance, d’amitié et de tournage, tous racontés dans une langue éminemment savoureuse.
La dernière partie, écrite par Florence Rigollet, raconte par le menu l’authentique scandale qui accompagna la sortie du film La Grande Bouffe, tout en portant un regard précis sur les carrières de Marco Ferreri et Ugo Tognazzi.
Un livre vraiment sympathique de cet anticonformiste de Tognazzi, surtout pour qui aime le cinéma et la bonne cuisine! Et si vous vous mettez aux fourneaux en vous inspirant de ses recettes, vous vous lécherez les babines.
Rome Apocalypse, de Jean Lauxerois
Éditions Guénégaud, Paris
Parution mai 2016
279 pages – 20€
Vivre à Rome, pendant des années, en partageant au jour le jour la vie des Romains, c’est découvrir une ville très éloignée des clichés du tourisme et des enthousiasmes du traditionnel «Voyage en Italie».
Âpre, dure, corrompue, somnolente et violente à la fois, partagée entre le rêve de sa grandeur passée et la réalité de sa dégradation contemporaine, Rome garde pourtant une beauté secrète, qui exerce une emprise hypnotique sur nombre de ses habitants. Michel-Ange, Poussin, Piranèse, Goethe, Chateaubriand, Stendhal, Moravia, Ungaretti, Ingeborg Bachmann, Thomas Bernhard, Balthus, Fellini, Pasolini, et tant d’autres encore, hantent les pages de ce livre : les Romains eux-mêmes, de souche ou d’adoption, morts et vivants, célèbres et anonymes, nous aident à saisir la vérité souterraine de leur ville, son énigme, sa vibration.
Plus qu’un guide inédit, Rome Apocalypse est à la fois un voyage dans Rome et une quête spirituelle : la Ville s’y révèle dans une lumière surprenante, qui éclaire aussi le destin de l’Europe d’aujourd’hui.
Il est un moment où la connaissance des choses rend difficile toute cosmétique. Un témoignage érudit, des réflexions fortes mais souvent sombres et sans complaisance sur les Romains et Mamma Roma, une dénonciation de “l’illusion romaine”. Un voyage en belle compagnie et que vous ne regretterez pas d’avoir entrepris à la recherche de ce qui éternellement fascine dans cette ville.
Sens dessus dessous, de Milena Agus
traduit de l’italien par Marianne Faurobert
«Littérature étrangère», Liana Lévi
Parution : mai 2016 – 15€
Mr. Johnson, le monsieur du dessus, a toujours les lacets défaits et des vestes trouées. Pourtant, c’est un violoniste célèbre qui vit dans le plus bel appartement de l’immeuble, avec vue sur la mer. Anna, la voisine du dessous, partage un petit entresol obscur avec sa fille, taille ses robes dans de vieilles nappes et fait des ménages. Pourtant, elle cache dans ses tiroirs des dessous coquins et des rêves inavoués. Ces deux-là, plus tout jeunes, débordants de désirs inassouvis, étaient faits pour se rencontrer. Dans les escaliers, où montent et descendent des voisins occupés par une farouche quête du bonheur, se tricotent à tous les étages situations rocambolesques, amours compliquées, jalousies absurdes. Mais n’est-ce pas là la clef de voûte de toute vie?
Observatrice indiscrète, pourfendeuse de la normalité, Milena Agus fait la chronique de ce microcosme dans lequel souffle un vent délicieusement frondeur.
Le nouveau nom (L’amie prodigieuse – II), d’Elena Ferrante
Storia del nuovo cognome
Traduit de l’italien par Elsa Damien
Collection Du monde entier, Gallimard
Parution : janvier 2016
23,50€
Naples, années soixante. Le soir de son mariage, Lila comprend que son mari Stefano l’a trahie en s’associant aux frères Solara, les camorristes qui règnent sur le quartier et qu’elle déteste depuis son plus jeune âge. Pour Lila Cerullo, née pauvre et devenue riche en épousant l’épicier, c’est le début d’une période trouble: elle méprise son époux, refuse qu’il la touche, mais est obligée de céder. Elle travaille désormais dans la nouvelle boutique de sa belle-famille, tandis que Stefano inaugure un magasin de chaussures de la marque Cerullo en partenariat avec les Solara. De son côté, son amie Elena Greco, la narratrice, poursuit ses études au lycée et est éperdument amoureuse de Nino Sarratore, qu’elle connaît depuis l’enfance et qui fréquente à présent l’université. Quand l’été arrive, les deux amies partent pour Ischia avec la mère et la belle-sœur de Lila, car l’air de la mer doit l’aider à prendre des forces afin de donner un fils à Stefano. La famille Sarratore est également en vacances à Ischia et bientôt Lila et Elena revoient Nino.
Le nouveau nom est la suite de L’amie prodigieuse, qui évoque l’enfance et l’adolescence de Lila et Elena. Avec force et justesse, Elena Ferrante, auteure dont on continue à ignorer l’identité, y poursuit sa reconstitution de tout un quartier, d’un monde, Naples et l’Italie, et d’une époque, des années cinquante à nos jours, donnant naissance à une saga romanesque au souffle unique.
Black Messie, de Simonetta Greggio
Collection La Bleue – Stock Editions
Parution mai 2016
360 pages – 19,50€
Dans les douces collines de Toscane, le Monstre de Florence a sauvagement assassiné sept jeunes couples entre 1968 et 1985. Cet horrible fait divers a inspiré films et romans, dont Le Silence des agneaux. Mais le principal suspect est mort en attendant un énième procès et le silence a recouvert toute l’histoire… Jusqu’au jour où filles et garçons recommencent à tomber, fauchés par un serial killer étrangement semblable à celui d’autrefois. Le Monstre est-il revenu ? A-t-on commis une erreur à l’époque ?
Le capitaine des carabiniers Jacopo D’Orto mène l’enquête. Proche de la retraite, il n’a plus rien à perdre. Dans une course contre la montre, il fouille la fosse où la boue des mystères italiens s’est amassée. Depuis la Renaissance, le mal refait régulièrement surface dans ce pays qui semble béni des Dieux. L’Italie actuelle paraît pourtant purifiée de ses secrets… Mais si, derrière les apparences, il n’y avait que chaos, violence et guerres de pouvoir ?
Avec ce roman, Simonetta Greggio surprend dans un registre inhabituel. On y retrouve sa fascination pour l’histoire criminelle de l’Italie et l’histoire tout court : une plongée cruelle et sensuelle dans la noirceur humaine. Un excellent thriller.
EN RAPPEL, POUR CONCLURE CE PETIT TOUR D’HORIZON
Lisario ou le plaisir infini des femmes, d’Antonella Cilento
traduit de l’italien par Marguerite POZZOLI
Actes Sud Littérature
Lettres italiennes
Avril, 2016, 384 pages
prix indicatif : 23, 00€
L’histoire d’une « belle endormie », tirée de son sommeil par un médecin qu’obsède le mystère du plaisir féminin, dans une Naples baroque et merveilleusement romanesque.
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