Myriam Linguanotto est née en France et vit à Lyon. Ses quatre grands-parents étaient italiens. Dans le cadre de notre rubrique estivale “Un quadro per l’estate”, voici sa contribution: une splendide vue d’Agrigente peinte à Ménerbes dans le Lubéron en 1954 par Nicolas de Staël à son retour de Sicile. Et ce tableau, c’est justement l’image de couverture du recueil de nouvelles de Myriam Linguanotto « Me souvenir de », une vraie quête de la mémoire de ses origines italiennes, que nous avions signalé sur Altritaliani à sa parution en 2024.
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Sicile (vue d’Agrigente) de Nicolas de Staël, 1954, Musée de Grenoble

Un jour la lumière change. Drue, elle s’infiltre à travers les volets et nous réveille tôt le matin. La journée ralentit écrasée de chaleur. La nuit prolonge l’état lancinant. Tout s’intensifie. Jeux sur des plages saturées de soleil, voyages d’îles en îles au large de Naples, découverte des ciels violets de Toscane. A force de regarder l’horizon, la vue s’altère, à moins que le paysage ne se noie dans la brume.
L’été est pour moi ce moment de suspension.
Le tableau Sicile de Nicolas de Staël me ramène à ces sensations. Des rectangles convergent vers un carré incandescent. Des aplats jaune citron et ocres suggèrent des champs ou des terrains pierreux qui surplombent la mer et se dilatent à l’infini. La toile vibre au gré du violet, jaune et rouge qui se côtoient en s’entrechoquant. En même temps tout semble immobile, arrêté. La nature s’embrase sur cette île où l’architecture et la terre se confondent. Des vestiges, ruines ou sites antiques, rappellent le temps qui dure, l’éternité cernée par une eau noire. Un ciel vert, immense, occupe la moitié de la toile et propulse vers un ailleurs.
Ici et là-bas réunis par le peintre qui nous invite à ressentir le choc esthétique reçu lors de son voyage en Sicile en 1953. Nicolas de Staël a réalisé plusieurs esquisses avant de peindre. De ses croquis, on retrouve la pureté des lignes qui donne à voir l’essence même d’un lieu.
J’ai découvert ce tableau au Musée d’art moderne à Paris lors de la grande rétrospective qui lui a été consacrée en 2023-2024, avec d’autres vues d’Agrigente de la même série. Il me ramène à l’Italie, à la Sicile, bien sûr, à cette quête de la mémoire, aux villes traversées, aux instants où le regard est captif de la beauté d’un site.
Plus d’informations sur Nicolas de Staël et l’exposition parisienne précitée:
https://www.mam.paris.fr/fr/expositions/exposition-nicolas-de-stael
Myriam Linguanotto
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