Le 14 septembre 2021 marquait le 700e anniversaire de la mort de Dante Alighieri, l’auteur de La Divine Comédie, chef-d’œuvre de la littérature mondialement reconnu. Des événements et des rencontres multiples ont marqué ce 7e centenaire. Nous en avons relayé un certain nombre sur Altritaliani (voir Dante700) et vous proposons aujourd’hui, pour conclure cette année de célébrations, le podcast d’une émission enrichissante et très agréable à écouter d’une durée de 55 minutes : Le Monde en question animée par Isabelle Kortian et diffusée le 30 novembre dernier sur Radio Cause commune (93.1fm).
L’invitée en était Danièle Robert, critique et traductrice littéraire, membre de la Société Dantesque de France, qui a publié aux éditions Actes Sud, à l’occasion du 700e anniversaire de la mort de Dante, une traduction nouvelle et innovante de La Divine Comédie.
LIEN ICI : https://cause-commune.fm/podcast/le-monde-en-questions-90/
« Danièle Robert a la poésie bien chevillée au corps. Elle se meut avec une aisance sans pareille dans l’univers poétique d’auteurs aussi différents que Paul Auster, Catulle, Ovide et Dante. Sa traduction novatrice de Dante, un événement littéraire salué par la critique, nous propose pour la première fois en France, dans son intégralité, une lecture du poème prenant en compte la structure voulue par le poète florentin. C’est en respectant la dimension orale du texte, son mouvement, sa cadence musicale, ses jeux de sonorités, en puisant au cœur même de la création dantesque les éléments caractéristiques de son écriture afin de les transposer en français tout en respectant la spécificité des deux langues que Danièle Robert relève le défi consistant à permettre au lecteur d’aller plus avant dans la découverte de la beauté de ce chef-d’œuvre universel.
Après avoir souligné l’importance de lire jusqu’au bout La Divine Comédie (“Enfer”, “Purgatoire”, “Paradis”), et donc d’effectuer l’intégralité de ce voyage imaginaire qui perdrait son sens profond s’il restait inachevé, Danièle Robert explique les raisons pour lesquelles elle a choisi de traduire Dante en vers rimés. Qu’est-ce que la terzina et la terza rima qui forment la base de la structure totale et du sens du poème, son moteur, sa rythmique créatrice de sens ? Terzina, terza rima, trio, valse, trois temps, le souffle de la Trinité préside au principe de composition de l’œuvre […]. » Elle ne critique bien évidemment pas les démarches d’autres traducteurs ; de très belles traductions n’ont pas pris cette option, mais, en ce qui la concerne, cela ne pouvait être autrement.
La Commedia, raconte-t-elle aussi aussi aux auditeurs, a exercé une influence majeure sur les générations suivantes d’artistes, peintres, écrivains, poètes, musiciens, et contribué à forger une langue moderne sans tuer la richesse des dialectes dont la vivacité perdure aujourd’hui encore en Italie.
♥♥♥ ACCOMPAGNEMENT MUSICAL:
Pour accompagner ses propos et ceux d’Isabelle Kortian, Danièle Robert a choisi elle-même l’illustration sonore de l’émission, qui est, de notre point de vue, splendide, originale et éclairante !! A vous de juger !
- John McLaughlin– “Amy and Joseph”, avec, en introduction, les trois premiers vers du chant 1 de l’Enfer récités en italien par Stephania Bimbi (The Promise, John McLaughlin (guitare acoustique, claviers), arrangements de Yann Maresz, 1995 – 2’ 28”).
- Bill Evans Trio – “Waltz for Debby” (Bill Evans Trio in Buenos Aires, Vol. 3, Bill Evans (piano), Eddie Gomez (contrebasse) et Marty Morell (batterie), 24 juin 1973 – 7’ 58”) pour expliquer le rythme ternaire, la terza rima.
- la lumineuse Lucilla Galeazzi – “Sogna Fiore Mio” (Stagioni, 2005 – 3’ 21”) pour illustrer les dialectes toujours vivants en Italie.
- Enfin, la lecture du poème “Tes yeux sont si profonds…”, extrait de Les Yeux d’Elsa de Louis Aragon où l’influence de Dante, des poètes courtois et de la poésie arabe est clairement perceptible pour illustrer le rôle essentiel de la grande Béatrice dans La Divina Commedia.
POUR ALLER PLUS LOIN:
- Dante Alighieri, La Divine Comédie, traduit de l’italien, préfacé et annoté par Danièle Robert, Actes Sud, 2016-2020 (pour l’édition critique bilingue en trois volumes) et Actes Sud/“Babel”, n° 1734, pour l’édition de poche (unilingue).
- Miquel Barceló, Dante Alighieri, L’Enfer, Actes Sud, 2021. Premier volume d’une trilogie composée de trois cents aquarelles destinées à illustrer La Divine Comédie traduite par Danièle Robert. Les deux autres volumes paraitront en 2022 et 2023.
- Antonio Prete, A l’ombre de l’autre langue. Pour un art de la traduction, traduit de l’italien par Danièle Robert, les éditionschemin de ronde, coll. « Stilnovo », 2013.