Le 24ème Festival international de Programmes audiovisuels a lieu à Biarritz du 24 au 30 janvier. Petit florilège des réjouissances qu’il s’apprête à montrer.
Pour sa 24ème édition, le Festival international des Programmes audiovisuels (FIPA) ouvre ses portes ce lundi 24 janvier. Comme depuis plus de quinze ans, dans la bonne ville de Biarritz. Festival dédié aux programmes de télévision, sans conteste l’un des plus importants au monde dans son domaine, soutenu entre autres par le Ministère de la Culture et la Région Aquitaine, mais aussi par la SACD, l’INA, la SCAM, la SACEM, l’ADAMI ou la PROCIREP (soutiens qui montrent d’emblée le lien étroit entre le festival et les auteurs d’œuvres audiovisuels), cette cuvée 2011 s’annonce riche en découvertes et curiosités, aussi bien en matière de fictions, de séries, de documentaires, de grands reportages sur des sujets de société, les arts vivants ou l’opéra, sans oublier – genre nouveau en pleine expansion – les web-documentaires, sélectionnés ici par Barbara Levendangeur. Les chaînes de télévisions des quatre coins de la planète viennent traditionnellement y faire leur marché, acquérant là bon nombre de leurs programmes des saisons à venir.
Mais il faut aussi rendre hommage aux organisateurs pour l’ouverture en direction du public puisque, contrairement à d’autres festivals du genre, réservés strictement aux professionnels, l’une des particularités du FIPA est d’ouvrir à tous l’ensemble des projections (principalement dans les salles du Bellevue, du Royal et de la Gare du Midi) à tous. Et le public vient nombreux (plus de 25 000 spectateurs l’an dernier), sans aucun doute grâce à des prix plus que raisonnables (5€ la séance, 3€ pour les chômeurs et étudiants, 25€ le pass pour une personne – ou 30 euros pour deux ! – valable toute la durée du festival). Une caractéristique du FIPA à Biarritz qui rend la manifestation fort agréable, la semaine étant ponctuée de débats, de rencontres et de remises de prix (cette année l’EuroFipa d’Honneur ira à Arte pour ses vingt ans d’existence, en présence de Jérôme Clément), permettant de nombreux échanges entre auteurs, producteurs, organisateurs, responsables de chaînes et grand public.
L’Italie en bonne place
Créé par Michel Mitrani, aujourd’hui dirigé par Olivier Mille, le FIPA a depuis deux ans pour déléguée générale l’Italienne Teresa Cavina, grande amatrice de musique classique, de danse et d’opéra, qui a concocté la programmation de cette édition 2011. Si ses choix ne se limitent pas, loin s’en faut, aux œuvres de son pays d’origine – le festival consacre cette année un «focus» sur la production télévisuelle anglaise, connue pour sa qualité et son ton incisif –, il reste que l’Italie sera bien représentée à Biarritz. Où l’on pourra constater qu’en dépit de difficultés structurelles, la création audiovisuelle transalpine, qui ne bénéficie guère de systèmes de soutiens financiers (comme ceux en France notamment) et a tant de mal pour sa diffusion à trouver une place dans les grilles de programmes des télévisions de la péninsule (suivez mon regard…), fait montre malgré tout d’une surprenante vitalité.
Ainsi, au menu cette année, dans les différentes sections du FIPA, un portrait aux accents intimes de l’écrivain Roberto Saviano ; une série – signée Marco Turco, l’auteur de La meglio gioventù (Nos meilleures années, en français) – sur la psychiatrie dans la péninsule (C’era una volta la città dei matti, 2010, 2×100 min), retraçant notamment les expériences pleines d’humanité du grand spécialiste Franco Basaglia dès les années 1960 ; une longue plongée sensible sur la jeunesse iranienne par Emilio Casalini ; une enquête, pas seulement sur la situation italienne, sur Presse et pouvoir, un divorce impossible, du réalisateur français Michel Royer… Une mention spéciale doit être faite à une sorte d’ovni audiovisuel très attendu, Sorelle d’Italia (Sœurs d’Italie, Suisse, 2010, couleur, 1h18), titre faisant bien sûr écho à Fratelli d’Italia, l’hymne national. Ses auteurs, Lorenzo Buccella et Vito Robbiani, proposent un portrait de l’Italie de Silvio Berlusconi, à travers le «prisme féminin» : 101 femmes anonymes rencontrées au hasard d’un périple du nord au sud de la péninsule leur confient tour à tour leurs visions du Cavaliere…
Sans pouvoir citer l’ensemble de la production en lien avec le Bel paese, on signalera en outre des œuvres ayant trait à Jean Genet (Le contre-exemplaire, de Gilles Blanchard), dont on vient de fêter le centenaire, les troubles rapports de l’Hexagone avec le continent noir, souvent désignés aujourd’hui sous le nom de Françafrique (de Patrice Benquet), un portrait d’Abderramane Sissako (Une fenêtre sur le monde, de Charles Castella, 52 min) un documentaire sur la maison Gallimard (autre centenaire) de William Karel (Gallimard, le roi Lire, 1h30), ou le retour au Palais Garnier du «Béjart Ballet Lausanne», filmé par Arantxa Aguirre. Et de multiples œuvres originaires des cinq continents, notamment celle de la «jeune création» internationale, dans l’excellente section «Campus». Sans oublier Les mystères de Lisbonne, la fiction en six épisodes du grand cinéaste chilien Raul Ruiz.
Une livraison 2011 – plus de 300 œuvres présentées – qui s’annonce donc passionnante. Tous à Biarritz !
Olivier Doubre
24ème FIPA, du lundi 24 au dimanche 30 janvier 2011, Biarritz.
Pour plus d’informations : 05 59 22 65 23, ou www.fipa.tm.fr