Italinscena. Le pouvoir de la parole: les nouvelles dramaturgies italiennes

Présentations et lectures avec le soutien de la Maison Antoine Vitez, Centre international de la traduction théâtrale, en partenariat avec la Fête du livre et des cultures italiennes organisée par Leggere per.

Les 7, 8, 9 octobre 2011. Le vendredi de 21h à 22h30, les samedi et dimanche de 13h30 à 15h. Espace d’animation des Blancs Manteaux 48 rue Vieille du Temple 75004 Paris. Entrée libre.


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Il y a une quinzaine d’années, le théâtre italien contemporain avait presque disparu des programmes de l’édition française. On aurait pu croire qu’Edoardo de Filippo et Dario Fo, ce dernier ardemment défendu par le regretté José Guinot et la traductrice Ginette Herry, n’avaient pour ainsi dire aucune postérité. Même un grand classique comme Giovanni Testori, aujourd’hui exploré par Giampaolo Gotti et Sylvia Bagli, semblait condamné à ne demeurer connu que de quelques spécialistes. Vers la fin des années 1990 et le début des années 2000, grâce notamment au travail de Jean-Paul Manganaro ou de Caroline Michel, sont apparus de nouveau noms qui n’ont jamais cessé depuis d’intéresser le public français: Antonio Tarantino, dont le prochain spectacle sera mis en scène par Antonella Amirante, Spiro Scimone, Emma Dante et le jeune Fausto Paravidino.

Notre comité, dont Caroline Michel et moi-même avons relancé les activités en 2003 à l’invitation de Laurent Mulheisen, s’est donné pour ambition de faire entendre de nouvelles voix, tant la scène italienne nous a semblé, d’année en année, porteuse de paroles audacieuses, vivantes et résistantes, malgré des politiques institutionnelles toujours plus lacunaires et une situation politique et économique désastreuse. Dans cet inquiétant contexte, la parole, nous semblait-il, avait retrouvé son pouvoir, son énergie créatrice, et il était plus que jamais de notre devoir de la faire entendre de ce côté des Alpes.

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Ascanio Celestini lors de la précédente édition de la Fête du livre et des cultures italiennes à Paris. Son texte “Radio clandestine” est aujourd’hui en tournée nationale, dans une mise en scène de Dag Jeanneret avec Richard Mitou, invités de l’édition 2009. Photo: Fête du livre et des cultures italiennes.

Depuis mes premières traductions de Marco Baliani et d’Ascanio Celestini, je me suis attaché à faire connaître le théâtre de narration, ou théâtre-récit, rejoint dans ce désir par d’autres traducteurs et comédiens, Hervé Guerrisi et Amandine Mélan en Belgique, Juliette Gheerbrant et Federica Martucci en France. Nous avons bénéficié très tôt du soutien de la revue Frictions de Jean-Pierre Han, qui nous a suivis sur plusieurs numéros. Ce travail aujourd’hui connaît l’épreuve de la scène, grâce au travail de Dag Jeanneret et Richard Mitou à Montpellier, ou d’Hervé Guerrisi lui-même, mais aussi dès la saison prochaine, de Gianpaolo Gotti à Paris. La collaboration menée avec Face à face, paroles d’Italie pour scènes de France, a été l’occasion d’apporter de nouvelles traductions. Nous avons bénéficié de l’aide de Paola Ranzini, professeur à l’université d’Avignon, qui, avec ses étudiantes devenues aujourd’hui de talentueuses traductrices, nous ouvre de nouveaux horizons. Le beau travail de Julie Quénehen sur un auteur hors-norme comme Tino Caspanello ou celui d’Ève Duca sur Edoardo Erba, depuis longtemps révélé aux États-Unis par Israel Horowitz, sont des apports précieux de ces toutes dernières années.

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D’autres associations et théâtres nous ont manifesté récemment leur intérêt pour la jeune création italienne, ainsi de Troisième Bureau à Grenoble, de Kulturfabrik au Luxembourg, de Théâtre toujours à l’horizon à la Rochelle, du Panta Théâtre à Caen, du Printemps des Comédiens à Montpellier, sans compter les nombreux partenaires de Face à face, à Paris comme en région.

Depuis mars 2011, le site Altritaliani.net et sa coordinatrice Michèle Gesbert nous ouvrent leurs pages pour y développer le projet Italinscena, un rendez-vous bilingue d’exploration critique des nouvelles écritures italiennes. Se constitue ainsi une petite bibliothèque virtuelle, à partir de réflexions, d’extraits de textes, d’analyses de spectacle et d’entretiens. Ce travail entre en résonance avec l’esprit de l’association Altritaliani, qui œuvre à faire connaître les cultures alternatives ou émergentes, délaissées des grands médias.

Le travail du comité permet de fédérer des énergies précieuses travaillant depuis des années de manière acharnée. Je pense notamment à l’infatigable travail d’exploration menée par la metteuse en scène Antonella Amirante -parmi les noms qu’elle a largement contribués à faire émerger, citons Tino Caspanello, Laura Forti ou Antonio Tarantino. Mais c’est encore le cas de Maria Cristina Mastrangeli, traductice de Laetizia Russo, et d’Angela de Lorenzis, qui oeuvre dans l’ombre à défendre les nouvelles écritures italiennes, ou encore d’Antonia Proto Pisani, qui m’envoie depuis Milan des nouvelles régulières de la jeune création.

Il est très important qu’une part importante du comité ait la double expérience du plateau et de la traduction. Aussi suis-je très heureux de l’implication généreuse de la comédienne et traductrice Federica Martucci qui œuvre dans l’un et l’autre domaine avec les mêmes talent et passion. De nouvelles venues ont des compétences qui couvrent le théâtre et la littérature, ainsi de Rossana Jemma ou de Sophie Royère, qui s’attachent à faire connaître des classiques italiens. L’espace manquerait enfin pour faire état des compétences multiples et de la belle énergie de Susy Memo, par ailleurs traductrice du français vers l’italien.

Je suis heureux enfin de la confiance apportée par des maisons d’édition qui avec enthousiasme et audace ont choisi de nous suivre dans la défense des nouvelles écritures italiennes, comme Espaces 34 pour Ascanio Celestini et Tino Caspanello, ou les Éditions de l’Amandier bientôt pour Marco Baliani et la belle anthologie dirigée par Paola Ranzini.

Ces trois journées de rencontres à la Fête du livre et des cultures italiennes à Paris, organisée par Leggere per, seront l’occasion de rassembler le comité pratiquement au complet et de donner à entendre un vaste aperçu de nos travaux récents. Parmi les auteurs, des noms manquent bien sûr, à commencer par Ascanio Celestini et Mario Perrotta, invités aux deux précédentes éditions de la Fête du livre et des cultures italiennes, et dont les textes éprouvent aujourd’hui les scènes de Belgique et de France. D’autres seront lus pour la première fois: ainsi d’Angela Demattè ou du sublime Davide Carnevali -que nous ont révélé Marianne Clévy et la traductrice Caroline Michel- Roberta Biagiarelli et Simona Gonella -dont un texte sera intégralement lu le même week-end à Chambéry, ou encore Daniele Timpano -qui sera l’invité d’un colloque sur “Théâtre et Risorgimento” dirigé par Françoise Decroisette début novembre. Deux textes seront présentés par leur futur metteur en scène: Ma l’amore d’Antonio Tarantino, dont Antonella Amirante dirigera la lecture intégrale au théâtre des Ateliers de Lyon le 2 décembre, et Michel Kohlhaas de Marco Baliani, texte fondateur et œuvre phare du théâtre-récit, qui sera bientôt éprouvé en français par Giampaolo Gotti, avec Hervé Guerrisi pour narrateur.

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Hervé Guerrisi, qui a contribué aux éditions 2009 et 2010 de la Fête du livre, poursuit sa tournée en Belgique d' »Italiani Cincalì » de Mario Perrotta. L’auteur était l’invité de la Fête en 2009, avec le soutien de la Maison Antoine Vitez. Photo: Olivier Favier, avril 2011.

Chaque jour les lectures d’extraits dureront une heure et seront suivies d’une demi-heure d’échange avec le public. L’entrée est libre et j’espère que ce moment sera l’occasion de donner à entendre un panorama vivant de la création théâtrale contemporaine italienne, que tous nous défendons et aimons avec passion.

Olivier Favier

PS Ce travail doit beaucoup, je le répète, à la confiance initiale de Laurent Mulheisen, que m’avait présenté Séverine Magois, traductrice de Daniel Keene, et à l’énergie des trois secrétaires générales de la maison Antoine Vitez, Dorothée Suarez, Marie Bataillon et aujourd’hui Marianne Clévy. Je tiens enfin à saluer Federica Zanetti et Laura Gobbi, les bonnes fées du festival Théâtre et citoyenneté de San Marino, qui m’ont permis depuis 2007 d’élargir les contacts du comité, d’Ascanio Celestini à Mario Perrotta en passant par Hervé Guerrisi et Roberta Biagiarelli.

D’autres festivals et institutions italiennes ont fait l’objet d’explorations récentes, dont il sera rendu compte au fil des articles d’Italinscena sur Altritaliani.netlogoaltritaliani350.jpg

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LE PROGRAMME

VENDREDI 7 OCTOBRE

20h00 L’écriture est un voyage : l’autre entre peur et rencontre : Rencontre avec Laura Forti, auteur de

« Pessah / passage », « Les nuages retournent à la maison », « Nema problema », « Mère-Fille » (tous parus chez Actes Sud-Papiers) en présence de sa traductrice Federica Martucci (Salle Stendhal)

21h-22h30

Introduction de Michèle Gesbert, présidente de l’association culturelle Altritaliani: «ITALINSCENA, le rendez-vous critique du comité italien de la maison Antoine Vitez sur le site Altritaliani.net».

FEMMES D’ITALIE ET D’AILLEURS

Coordinatrice: Antonella Amirante, metteuse en scène (compagnie Anteprima)

Les nuages retournent à la maison, de Laura Forti. Présentation et lecture de Federica Martucci (traductrice du texte).

Sex machine, de Giuliana Musso. Présentation de Federica Martucci et lecture de Maria Cristina Mastrangeli. Texte traduit par Amandine Mélan.

La Vortement, de Saverio La Ruina. Présentation et lecture de Federica Martucci (co-traductrice du texte avec Amandine Mélan).

Ma l’amore, d’Antonio Tarantino. Présentation d’Antonella Amirante (metteuse en scène) et lecture de Maria-Cristina Mastrangeli, Federica Martucci, Olivier Favier (traducteur du texte).

J’avais un beau ballon rouge, d’Angela Demattè. Présentation de Julie Quénehen (co-traductrice du texte avec Caroline Michel). Lecture de Federica Martucci et Olivier Favier.

SAMEDI 8 OCTOBRE 13h30-15h

Introduction de Marianne Clévy, secrétaire générale de la Maison Antoine Vitez, Centre international de la traduction théâtrale: «Soutenir la traduction théâtrale».

AU TRAVAIL!

Coordinatrice: Julie Quénehen (traductrice et enseignante)

À l’air libre, de Tino Caspanello. Présentation par Julie Quénehen (traductrice du texte), lecture de Stéphane Resche, Olivier Favier et Julie Quénehen.

La badante, de Laura Forti. Présentation par Federica Martucci (traductrice du texte), lecture par Susy Memo et Marianne Clévy.

Olivetti, de Laura Curino. Présentation par Juliette Gheerbrant (traductrice du texte), lecture par Maria Cristina Mastrangeli.

Reportage Tchernobyl, de Roberta Biagiarelli et Simona Gonella. Présentation par Olivier Favier (traducteur du texte), lecture de Federica Martucci.

DIMANCHE 9 OCTOBRE 13h30-15h

Introduction de Paola Ranzini, professeure à l’Université d’Avignon, et Sophie Royère, traductrice: «La traduction théâtrale dans la formation universitaire».

Lecture du prologue de A comme Srebrenica, de Roberta Biagiarelli et Simona Gonella, par Sylvia Bagli (texte traduit par Olivier Favier).

SE SOUVENIR, OUBLIER

Coordinateurs: Olivier Favier (coordinateur du Comité italien de la Maison Antoine Vitez) et Rossana Jemma (traductrice et enseignante)

Variations sur le modèle de Kraepelin, de Davide Carnevali. Présentation de Caroline Michel (traductrice du texte) et lecture de Giampaolo Gotti, Gerardo Maffei et Cesare Capitani.

Mai 1943 de Davide Enia. Présentation d’Olivier Favier (traducteur du texte) et lecture de Gerardo Maffei.

Drame italien, d’Edoardo Erba. Présentation par Ève Duca (traductrice du texte) et lecture par Gerardo Maffei, Susy Mémo, Sophie Royère.

Kohlhaas, de Marco Baliani. Présentation par Giampaolo Gotti (metteur en scène) et lecture par Olivier Favier (traducteur du texte).

Risorgimento pop, de Daniele Timpano et Marco Andreoli. Présentation par Ève Duca (co-traductrice du texte avec Olivier Favier) et lecture par Gerardo Maffei et Giampaolo Gotti.

LIEU ET HORAIRES DE LA “FESTA” :

Fête du livre et des cultures italiennes, en partenariat avec Leggere Per

Les 7, 8, 9 octobre 2011. Le vendredi de 15h30 à 22h30, les samedi et dimanche de 10h30 à 22h30.

Espace d’animation des Blancs Manteaux 48 rue Vieille du Temple 75004 Paris Entrée libre

Métro : Saint-Paul / Hôtel de ville (ligne 1 – ligne 11)

Ces lectures sont soutenues par la Maison Antoine Vitez, Centre international de la traduction théâtrale. www.maisonantoinevitez.com

Retrouvez ITALINSCENA, le rendez-vous critique du comité italien de la Maison Antoine Vitez sur www.altritaliani.net, site bilingue d’opinion et d’informations italiennes.

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Membres du comité italien: Antonella Amirante (metteuse en scène), Sylvia Bagli (comédienne, traductrice), Angela de Lorenzis (dramaturge), Eve Duca (enseignante, traductrice), Olivier Favier (traducteur, auteur), Juliette Gheerbrant (journaliste, traductrice), Hervé Guerrisi (comédien, traducteur, metteur en scène), Giampaolo Gotti (metteur en scène), Rossana Jemma (traductrice, enseignante), Gerardo Maffei (comédien, auteur), Federica Martucci (comédienne, traductrice), Maria Cristina Mastrangeli (metteuse en scène, comédienne, traductrice), Amandine Mélan (traductrice, enseignante), Susy Memo (traductrice, comédienne), Caroline Michel (comédienne, traductrice), Antonia Proto Pisani (dramaturge), Julie Quénehen (enseignante, traductrice), Paola Ranzini (enseignante), Sophie Royère (traductrice).

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