Un somptueux programme de concerts et fêtes vénitiennes au Château de Versailles célèbre la musique de Vivaldi

Le domaine du Château de Versailles et le label parisien Naïve ont lancé depuis le 24 juin jusqu’au 17 juillet le Festival « Venise, Vivaldi, Versailles ». Un programme spectaculaire, et l’adjectif n’est pas choisi au hasard, qui veut rendre hommage au célèbre « prêtre roux » en l’accueillant pour la première fois – lui qui ne vit jamais de ses yeux Versailles – au bord du Grand Canal et au sein de la Petite Venise.


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Il ne s’agit pas d’une plaisanterie, la demeure du Roi-Soleil, comme les noms cités le prouvent, étant marquée par le mythe de Venise la baroque et par la fascination que la cité lagunaire exerça tout au long du XVIIe et du XVIIIe siècles sur toute l’Europe. Ces références directes à la Cité des Doges sont donc le lien qui permettront à Vivaldi et sa musique de s’installer dans le domaine du Château pendant cet été.

Un programme dense de concerts, bals masqués, spectacles nautiques et pyrotechniques interprétés et orchestrés par les noms les plus prestigieux de la scène musicale baroque contemporaine, le tout sous la houlette de Jean-Jacques Aillagon, président de Château de Versailles spectacles ( société de droit privé dont la mission est d’élaborer, produire et diffuser les spectacles au Château de Versailles). La manifestation, dirigée par Laurent Brunner (responsable des spectacles à Versailles), est le fruit de la collaboration avec le label Naïve, qui, depuis 2001, enregistre et commercialise l’œuvre de Vivaldi dans le cadre du projet nommé Edition Vivaldi.

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Un oubli qui a duré plus de deux siècles

Le public contemporain est habitué à considérer à juste titre Vivaldi comme l’un des musiciens incontournables de l’histoire. Peu de gens savent, en revanche, que le « prêtre roux », si célèbre de son temps, tomba dans l’oubli très rapidement après sa mort, mais que son œuvre continua à être connue et étudiée par des musiciens et des passionnés. Bach, par exemple, fut certainement très influencé par la musique du maestro vénitien et c’est à lui que l’on doit les transcriptions de plusieurs de ses concertos pour violon, orgue et clavecin.

Le grand public, toutefois, oublia la majeure partie de l’œuvre du compositeur pendant plus de deux siècle, lorsqu’au début du XXe siècle la Bibliothèque Nationale Universitaire de Turin put acquérir un lot impressionnant de partitions autographes de Vivaldi: 27 volumes, presque 450 œuvres, entre concertos, sonates, opéras, arias séparés, œuvres sacrées, contenus dans deux fonds séparés. Ils furent achetés à des privés par deux bienfaiteurs, Mauro Foà et Renzo Giordano, qui les offrirent à la Bibliothèque Nationale turinoise pour célébrer la mémoire de leurs fils disparus.

Depuis, les manuscrits des fonds Foà et Giordano sont devenus des documents fondamentaux pour les spécialistes de la musique de Vivaldi et également pour la redécouverte de son œuvre par le grand public à partir de la seconde moitié du 20e siècle. Un succès donc qui devint rapidement aussi discographique, quand, en 1947, fut fondé en Italie l’Istituto Italiano Vivaldi, qui avait pour objectif d’enregistrer et éditer l’intégralité de l’œuvre vivaldienne, grâce à la collaboration de la célèbre maison d’éditions musicales Ricordi. Une entreprise menée seulement en partie à bonne fin jusqu’aux années ’70 , notamment pour les concertos, les sonates et les sinfonies.

Un projet d’enregistrement parmi les plus ambitieux du XXIe siècle

En France, la redécouverte de Vivaldi passe d’abord par le label Opus 111. Une étiquette raffinée et extrêmement sélective, fondée en 1990 par l’ancienne pianiste et ingénieur du son Yolanta Skura, qui se penche la première sur le projet d’édition intégrale du compositeur vénitien. En 2000, Madame Skura, habituée à surprendre le public tant par ses brillants résultats que par ses changements de parcours, décide de quitter son label, mais pas avant d’avoir choisi avec soin ses héritiers. Les éditions Naïve reprennent alors le flambeau.

Sur les traces de Vivaldi, un somptueux livre-disque + un double CDLe projet de l’Edition Vivaldi s’impose à l’attention de Patrick Zelnick, le patron du label, qui prends à cœur la mission vivaldienne qu’il réalise en collaboration avec l’Istituto per il patrimonio musicale del Piemonte dirigé par le musicologue Alberto Basso. Entre Paris et Turin, Susan Orlando – musicienne et gambiste – assure la bonne poursuite du projet et est nommée directrice artistique de l’ Edition Vivaldi. Un projet qui affiche avec fierté son volet culturel, mais sans cacher son volet commercial, dans un marché de l’édition musicale toujours plus difficile et qui doit faire face à la crise.

Pour la bonne réussite de tant d’efforts, sont appelés alors les noms les plus prestigieux de la musique baroque internationale. Rinaldo Alessandrini et son ensemble Concerto Italiano, ainsi que Jean-Christophe Spinosi et son ensemble Matheus sont parmi les piliers du vaste programme d’enregistrement, avec Sandrine Piau, Sara Mingardo, Jordi Savall, Giovanni Antonini et d’autres encore. Une équipe artistique de premier plan, expression de la nouvelle génération musicale internationale, accompagnée par le photographe Denis Rouvre, auteur de pochettes contemporaines et séduisantes. Des cent titres prévus à finition du projet, quarante-sept ont été enregistrés à ce jour, dont onze opéras, avec plus de 550.000 exemplaires vendus et plus de 250 artistes participants.

Le Festival versaillais

Avec un budget de 3,5 millions d’euros, le Festival vivaldien à Versailles peut faire penser à ces Plaisirs de l’Ile enchantée, à cette fête de huit jours que Louis XIV offrit à sa maîtresse lorsqu’il avait 25 ans. Mais comme Laurent Brunner l’avoue, l’administration versaillaise ne souhaite pas égaler le faste de ces célébrations mais plutôt les rappeler à la mémoire sous une forme plus populaire et contemporaine. Pour ce faire, des collectionneurs venant d’un peu partout en Europe feront parader leurs gondoles sur le Grand Canal, sur fond musical des Quatre saisons, jeux d’eaux et effets pyrotechniques.

Ces Fêtes Vénitiennes sur le Grand Canal, dont le nom est repris de l’Opéra-Ballet de Campra Les Fêtes Vénitiennes (1710), rappelleront les fêtes nautiques organisée par Louis XIV sur les bassins d’eau au cœur des jardins de Le Nôtre le 8 et 15 juillet. Un autre Opéra-Ballet de Campra, Le Carnaval de Venise de 1699, a donné son nom à un autre moment clou de la manifestation. Comme dans un film de Sofia Coppola, l’Orangerie du Château accueillera le 9 juillet prochain un bal masqué sur le thème du Carnaval vénitien pour un millier de convives, à partir de minuit et jusqu’au matin, avec déguisement selon le style de l’époque, mais musique contemporaine.

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Nombreux seront les concerts qui étofferont le programme de la manifestation. Le mardi 5 juillet ce sera le tour de Philippe Jaroussky et de l’ensemble Artaserse dans la Chapelle Royale avec un répertoire sacré et profane. Le 14, 15 et 17 juillet William Christie et Les Arts florissants rendront hommage dans la salle de l’Opéra Royal à Jean-Baptiste Lully avec Atys, l’opéra qui a consacré auprès du public cet ensemble à partir de 1987, année de sa création. Et puis, bien sûr, les Quatre Saisons, avec des interprètes de tout premier plan : Diego Fasolis et l’ensemble I Barocchisti, le 8 et 9 juillet, David Grimal et l’ensemble Les Dissonances, le 10 juillet, et Fabio Biondi avec L’Europa Galante, le 15 et 16 juillet 2011.

Le disque du Festival

On pourra, certes, reprocher au calendrier de cette manifestation ses prix plutôt élevés, mais son caractère unique et la qualité des spectacles proposés en font un rendez-vous à ne pas manquer, à condition de réserver rapidement sa place.

Domenico Biscardi

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Informations utiles :

1. Pour le programme, l’accès et les réservations:

Tél : 01.30.83.78.89

Site internet : www.chateauversailles-spectacles.fr

Un festival inédit à Versailles
Venise, Vivaldi, Versailles
Du 24 juin au 17 juillet 2011
Dans la droite ligne des fêtes mémorables imaginées par Louis XIV, Versailles accueille Vivaldi et Venise pour des soirées inoubliables.
Le Château de Versailles et Naïve s’associent pour la réalisation d’un grand évènement à Versailles, à l’occasion de l’aboutissement de la publication discographique de l’intégrale des œuvres de Vivaldi.

2. Pour le projet L’Edition Vivaldi:

www.antonio-vivaldi.eu

www.naive.fr

Le site dédié par le label Naïve.fr au Festival Vivaldi Versailles

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