Gianni et les femmes, un film de Gianni Di Gregorio

gianni3.jpgDans le paysage du cinéma italien actuel, Gianni Di Gregorio est peut-être bien le plus authentique héritier du genre de la comédie à l’italienne, qu’il renouvelle toutefois dans ses thèmes.

Après le succès du “Déjeuner du 15 août”, Di Gregorio aborde dans “Gianni et les femmes” le sujet du vieillissement et de l’amour, avec le tourbillon de rêves et d’espoirs saisissant les hommes sur le chemin du déclin.

Existence monotone, calée dans la vacance, entre courses, tâches domestiques, promenades du chien, celle de Gianni. Il fait preuve à l’égard de sa famille et de son entourage d’un dévouement à tout crin. Reste que le temps peine à s’écouler. Jusqu’au jour où son ami Alfonso lui ouvre les yeux : tous les hommes de son âge, voire plus âgés que lui, ont, derrière une façade de respectabilité, une maîtresse. Troublé par cette découverte, Gianni – qui porte beau la soixantaine – décide de tenter sa chance, avant de comprendre tristement que les femmes ne lui prêtent plus l’attention souhaitée.

Partant de ce canevas tragi-comique, au demeurant universel, ce nouveau film de Di Gregorio se déploie dans un contexte très italien et réaliste : une extraordinaire vieille mère, noble déchue (l’actrice Valeria de Franciscis), qui dilapide allègrement son patrimoine en mille frivolités tout en maintenant sa domination sur ce fils unique englué dans sa gentillesse, soumis aux caprices maternels envahissants ;

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une fille adorée, au diapason des jeunes de son temps, qui semble vouée à un futur sentimental et social fragile sinon incertain; un petit copain élisant domicile chez lui ; une épouse, active et débordée, qui se comporte comme une seconde mère ou sa vraie mère, pleine de compréhension pour le mal-être du nouveau retraité, au seuil de l’andropose ; l’ami Alfonso, avocat, niant la réalité du temps qui passe, improbable conseiller et mentor de Gianni.

Enfin, et surtout, un ruban de présences féminines : Gabrielle, l’inaccessible, désirée de longue date, Valeria, son merveilleux premier amour, la sublime Cristina, aide à domicile de sa mère, et une infinité des femmes illuminant le monde….

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Voilà en somme une galerie de portraits (façon Comédie humaine) bien réussie que celle dressée par Gianni Di Gregorio. Un film qui, tout en abordant un sujet sérieux, s’avère léger et délicat, dans l’esprit de la comédie à l’italienne, celui du rire et de l’ironie pour mieux affronter les amers et douloureux chapitres de l’existence.

Interrogé sur ce qui lui a donné l’inspiration de ce film, Di Gregorio raconte joliment :

“Pendant que je m’occupais de la promotion dans le monde entier de “Pranzo di Ferragosto”, j’ai réalisé que je rencontrais beaucoup de femmes très belles mais qu’aucune ne me regardait plus vraiment. Aucun homme ne se résigne à ne plus être regardé par les femmes. J’ai donc voulu raconter, en cherchant à en rire (bien que je ne sache pas s’il y a de quoi en rire) ce moment précis où un homme réalise qu’il est devenu transparent. Les hommes sont lents à comprendre, ils refusent le passage du temps. Je ne dis pas qu’à 60 ans on ne doit plus rien attendre de l’amour, mais la recherche de l’aventure érotique devient un peu pathétique…”.

Evolena

Titre original : “Gianni e le donne”
Long-métrage italien . Genre : Comédie , Drame
Durée : 01h30min. Année de production : 2010
Distributeur : Pyramide Distribution
Réalisé par Gianni Di Gregorio
Avec Gianni Di Gregorio, Valeria De Franciscis, Alfonso Santagata, Elisabatta Piccolomini, Valeria Cavalli
Mise en scène et scénario de Gianni Di Gregorio
Photographie Gogo Bianchi
Production BiBi film, Isaria Productions en collaboration avec Rai Cinema

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Evolena
Michèle Gesbert est née à Genève. Après des études de langues et secrétariat de direction elle s'installe à Paris dans les années '70 et travaille à l'Ambassade de Suisse (culture, presse et communication). Suit une expérience associative auprès d'enfants en difficulté de langage et parole. Plus tard elle attrape le virus de l'Italie, sa langue et sa/ses culture(s). Contrairement au covid c'est un virus bienfaisant qu'elle souhaite partager et transmettre. Membre-fondatrice et présidente d'Altritaliani depuis 2009. Coordinatrice et animatrice du site.