Brava Italia au 63e Festival de Cannes

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Le 63e Festival de Cannes s’est ouvert mercredi dernier sur fond de polémiques.
Sélection officielle critiquée dès son annonce, défection de Terence Malick dont le film très attendu ne sera pas prêt à temps, débats concernant «Film socialisme» de Jean-Luc Godard téléchargeable sur internet le jour de la projection cannoise et le format du «Carlos» d’Olivier Assayas, feuilleton télé de 5h31. Ajoutons à cela la controverse lancée par le député UMP Lionel Luca autour du film de Rachid Bouchareb présenté en sélection officielle «Hors la loi» qui retrace les massacres de Sétif commis par la France en 1945, la liste des problèmes à venir est bien loin d’être close ; les présences suspectes des très controversés Nikita Mikhalkov «l’apparatchik» et Abbas Kiarostami prétendu «suppôt des islamistes iraniens» qui retiennent dans leurs geôles Jaafar Panahi, nommé membre du jury présidé par Tim Burton qui lui a apporté son soutien : «Les films devraient être universels, la liberté d’expression aussi. N’importe qui devrait pouvoir s’exprimer».

Phrase que devrait méditer le ministre italien de la culture (mais oui, il y a bien un ministre de la culture en Italie !) Sandro Bondi. Il a décidé de boycotter le festival pour protester contre la sélection du documentaire de Sabina Guzzante «Draquila, l’Italie qui tremble», proposé en séance spéciale.

La comédienne remarquée pour son pamphlet «Viva Zapatero»(2005) démonte la corruption qui implique le chef de la protection civile dans l’octroi de marchés publics concernant les chantiers de la région de l’Aquila détruite par un tremblement de terre le 6 avril 2009. Plus de 300 personnes ont péri dans cette catastrophe et une partie de la population est encore sans abri. On se souvient de la saillie de Berlusconi vantant les mérites du camping à une population endeuillée et perdue.
Le ministre qui n’a vu qu’un extrait diffusé à la télévision a crié au scandale vilipendant un film «de propagande… contre le peuple italien et la vérité.» Ce brûlot « …raconte avant tout comment, au nom de l’urgence et de la sécurité, les lois sont constamment détournées et les droits civiques bafoués, par le biais d’une organisation soi-disant citoyenne, dite Protection civile qui, grâce à Berlusconi, a acquis un pouvoir phénoménal», a rétorqué la réalisatrice.

Un film de Daniele Luchetti «La Nostra Vita» représente l’Italie en compétition officielle.
Il en a coécrit le scénario avec Sandro Petraglia et Stefano Rulli, auteurs entre autres de «Nos meilleures années» de Marco Tullio Giordana (2003) et «Romanzo Criminale» de Michele Placido (2005). C’est la septième collaboration du trio.

Elio Germano campe le rôle d’un ouvrier du bâtiment confronté à un deuil inattendu qui va l’arracher à l’insouciance d’une vie simple et heureuse.

Luchetti était présent en compétition à Cannes en 1991 avec «Le porteur de serviette»
et à Un Certain Regard en 2007 avec «Mon frère est fils unique».

Il a reçu le David di Donatello du meilleur premier film en 1988 pour «Domani Domani».

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A la quinzaine des réalisateurs enfin on pourra voir une œuvre de Michelangelo Frammartino

«Le quattro volte», vision poétique des traditions de sa Calabre natale, des cycles de la vie et de la nature. Fruit d’un lent travail d’observation d’un cinéaste qui avoue : «… regarder les gens agir. Ensuite, je consigne des gestes que je vais leur demander de reprendre au moment du tournage. Là, le plus grand danger c’est de les déranger; s’instaure alors entre eux et moi une forme de compromis qui aboutit à une reconstruction commune.»

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BRAVA ITALIA !

Souhaitons une accalmie côté nature après la menace d’un nuage volcanique perturbateur et la tempête qui a détruit la majorité des restaurants des plages de la croisette où se retrouvent le ban et l’arrière-ban des festivaliers, starlettes en mal de producteur, bimbos, vedettes de la télévision qui hélas éclipsent souvent les stars du 7e art, «les professionnels de la profession» et les financiers qui œuvrent dans l’ombre des sous-sols du palais, aux abords des piscines privées des palaces ou des villas perdues dans les collines. Il ne faut pas oublier que le cinéma est d’abord une industrie (Malraux) et que Cannes, plus grand festival au monde, est aussi et avant tout le premier marché du film où se brassent des millions de dollars.

Marie Sorel

P.S. LAST BUT NOT LEAST, Godard prétextant « des problèmes de type grec » ne vient pas à Cannes et prive les festivaliers du si attendu morceau de bravoure du festival: sa conférence de presse.

Pour se consoler on pourra voir «Film socialisme» en salles dès mercredi.

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