La Pivellina, un film de Tizza Covi et Rainer Frimmel

Les bonnes surprises offertes par le cinéma transalpin sont d’autant plus rares qu’il ne faut pas se priver d’un plaisir inattendu.

Choc, dès la première image, d’une tâche rouge intense, feu follet qui s’agite et se promène dans une barre d’immeubles peu attrayante. C’est la chevelure de Patty, affolée et désespérée, à la recherche d’ Ercole :

« Bastardo , si je te trouve, je te casse les guiboles, tu ne pourras plus t’enfuir.»

Elle cherche, cherche et finit par trouver… ce qu’elle ne cherche pas : un bébé abandonné !

Elle le ramène chez elle, et décide de s’en occuper malgré les mises en garde de son mari Walter.

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A San Basilio, banlieue déshéritée de Rome, ces gens du cirque vivent, entourés de leurs animaux (chiens et chèvres). Au milieu du périphérique, du chemin de fer, des décharges et des caches de déchets (« ici c’est pire que Naples »), l’existence est misérable. Pourtant, dans cette zone, certains trouvent malgré tout le moyen de cultiver un potager ! La palissade qui protège les caravanes est une frontière que seuls les policiers à l’affût d’une irrégularité osent franchir.

Il pleut sans cesse, on patauge dans la boue, il fait froid, le confort est sommaire et l’argent fait défaut. On est bien loin du cliché touristique d’une Italie paradisiaque.

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Malgré les difficultés, où peut-être à cause de tous les problèmes du quotidien, une étroite solidarité unit Patty et Walter aux autres membres de cette petite communauté marginale. Tario, leur neveu, adolescent livré à lui-même, aide Patty à s’occuper de la petite Asia. Ils vont essayer de distraire l’enfant, lui faire oublier son sort (s’accordant ainsi quelques moments de bonheur) et lui prodiguent des torrents d’affection.

Les comédiens saltimbanques interprètent leur propre rôle si loin du «naturalisme» qui encombre les écrans actuellement.

Sobres et vrais, pas de pathos.

Beaucoup de tendresse et d’émotion pour ce film drôle, profondément touchant et humaniste. La personnalité de Patricia Gerardi (qui fait penser à «La Magnani») crève l’écran.

16 mm, lumière naturelle, plans-séquences, Tizza Covi et Rainer Frimmel, photographes documentaristes, renouent avec le réalisme social des belles années du cinéma italien.

Marie Sorel

Photos ©zootrope Films

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