20 ans de western italien ou western spaghetti.

Le western à l’italienne, appelé non sans un certain mépris “western-spaghetti”, apparaît au début des années 60 alors que le western traditionnel s’essouffle. Plus baroque, plus kitsch aussi, il va bousculer les codes du cinéma mondial, marqué notamment de l’empreinte d’un Sergio Leone, véritable père d’un genre “authentiquement italien” qui sera largement plébiscité grâce à quelques films mythiques.

Le Western Italien représente sans aucun doute l’un des épisodes les plus étranges et les plus étonnants de l’histoire du cinéma du vingtième siècle. Il s’agit d’un genre exceptionnel.

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Sur le plan du volume de production par exemple, il atteint des sommets qu’aucun autre genre «populaire» italien n’a obtenu avant lui. Que l’on considère qu’on compte près de 70 westerns italiens (ou coproduits avec l’Espagne) pour la seule année 1968, et que le genre court sur près de vingt ans, soit une durée de vie inédite pour un «filon» (bien plus par exemple que le péplum).

Pourtant, à ses débuts, le western italien est considéré comme une véritable monstruosité, une aberration. Le western, dans son sens large, semblait être un genre authentiquement et exclusivement américain. Il va pourtant devenir aussi un genre authentiquement italien.

Le western italien est né d’abord d’une contrainte économique, de la nécessité de trouver une nouvelle formule de cinéma populaire à coût réduit. L’idée de produire du western s’inscrit également dans une tendance antérieure, celle du western «européen». Le western italien a en effet quelques ancêtres. D’une part le western espagnol, né du fait que le cinéma américain, alors en pleine crise, a pris l’habitude de « délocaliser » des tournages en Espagne, qui s’est ainsi vue dotée d’une infrastructure westernienne. L’autre est le western allemand, principalement constitué d’adaptations des romans de Karl May.

Les premiers westerns italiens (à l’exception d’une comédie en 1960) datent de 1963. Les résultats ne sont guère convaincants. Les films tentent maladroitement de reprendre les personnages mythiques du western américain (Buffalo Bill, Billy the Kid) ou bien ne sont que de petites comédies. Dès 1964, il paraît ainsi quasiment condamné. Le film de Sergio Leone, Pour une poignée de dollars, est l’événement qui va tout modifier. Non seulement il connaît un triomphe commercial qui va enfin lancer le genre, mais par la même occasion il invente et impose un style et une esthétique radicalement nouvelle.

De 1965 à 1968, le genre va connaître une incroyable expansion. C’est l’époque de nombreux chefs d’œuvre (Et pour quelques dollars de plus, le Bon la brute et le truand, Il était une fois dans l’Ouest) et l’affirmation de grands auteurs : Sergio Corbucci (Django), Sergio Sollima (Colorado), pour ne citer qu’eux. Les œuvres marquantes se succèdent, et 1967 peut être considérée, sur le plan qualitatif, comme la plus belle année de l’histoire du western italien. Mais, déjà, de nombreux sous-produits apparaissent.

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Après le record de production atteint en 1968 s’ouvre une nouvelle période, plus réduite, entre 1969 et 1970, durant laquelle le volume de production baisse nettement tandis que naissent des héros distanciés et semi parodiques comme Sabata. En 1970, le western italien semble à bout de souffle, mais un film inattendu (On l’appelle Trinita) et sa suite vont relancer le genre par le biais du film comique. Le genre se poursuit ainsi quelques années puis finit par sombrer au milieu des années soixante-dix, victime des films comiques, de la surproduction, et de la concurrence impitoyable causée par l’irruption soudaine du film de kung-fu. Le temps de lancer encore quelques feux et un dernier chef-d’œuvre (Keoma), et le western italien disparaît définitivement à l’orée des années quatre-vingt.

Il aura eu une influence considérable sur d’autres cinématographies, depuis le cinéma américain (Eastwood, Tarantino…) jusqu’à celui de Hong Kong !

Laurent Aknin
Historien et critique de cinéma

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